Qui sont les favoris du Grand Prix d’Espagne ? Qui peut prétendre aux places d’honneur ? À quoi s’attendre en piste dimanche après-midi ? GP-Inside fait le tour de la question depuis le circuit de Jerez-Angel Nieto.
Un duel pour la gagne, et un groupe dense pour la médaille de bronze
Les deux meilleurs temps des essais libres 3, 4 et de la qualification sont revenus aux deux mêmes hommes : Francesco Bagnaia et Fabio Quartararo. Le duo infernal, composé du champion du monde sortant et de son dauphin, s’est placé un cran au-dessus du reste de la concurrence à Jerez. Et il faudrait un sacré renversement de table pour que ça ne soit pas le cas en course.
L’Italien a réussi à être plus rapide sur un tour, mais le Français a un rythme globalement meilleur, sur un tracé où il a déjà gagné deux fois en MotoGP. Le duel était attendu, teasé et espéré depuis la palpitante fin de saison 2021. Il se profile enfin à l’horizon en Andalousie.
Pas arrivé mieux que 5e lors des cinq premiers Grands Prix, Francesco Bagnaia a besoin de marquer des points pour continuer sa remontée au championnat, mais son premier podium de l’année lui tend plus que jamais les bras. Il confirme avoir retrouvé les sensations de l’an dernier sur sa nouvelle Ducati Desmosedici GP22. Ça a pris un peu de temps, mais la machine semble lancée. Reste à savoir si l’épaule, touchée à Portimao huit jours plus tôt, va le faire souffrir dans les derniers tours.
Vainqueur au Portugal dimanche dernier, Fabio Quartararo vit aussi une période de « retour ». Retour sur la plus haute marche du podium d’une course, ainsi que du classement général. En difficulté avec sa Yamaha sur les circuits où la puissance moteur compte beaucoup, il doit se saisir de chaque opportunité de gagner quand les circonstances le permettent. C’est le cas à Jerez, sur un tracé qui convient bien à la M1.
Derrière ces deux hommes, la lutte pour la médaille de bronze est particulièrement ouverte. Troisième sur la grille, Aleix Espargaro va tenter de convertir sa première ligne du samedi en podium le dimanche, ce qu’il a déjà fait à Termas de Río Hondo (1er/1er) et Portimao (3e/3e). Jack Miller peut aussi y prétendre, du fait de sa 4e place en Q2 et de sa victoire à Jerez l’an dernier, mais son rythme est moins bon que celui du pilote Aprilia.
Capable de rouler en gros 1’37/petits 1’38 en FP4, Joan Mir a raison de dire que « le potentiel est plus élevé » que sa position sur la grille, qui sera la 9e. Sa chute en Q2 lui complique la tâche, et il va devoir récupérer rapidement des positions pour ne pas perdre le contact avec le wagon de tête. Le champion du monde 2020 est toujours en quête de son premier podium en 2022.
Bien aidé par la roue de Francesco Bagnaia et Fabio Quartararo en qualification (5e), Marc Marquez estime ne pas être en mesure de rester à ce niveau en course. Il parle d’un potentiel compris entre la 5e et la 10e place. Mais les deux leaders du week-end ont prévenu : « On ne peut jamais écarter Marc de la bagarre pour la victoire. Encore moins à Jerez, où il a gagné beaucoup de courses. »
À droite de l’Espagnol sur la grille, Johann Zarco (6e) « ne pense pas au podium » pour le moment, car il estime « ne pas avoir été assez compétitif tout le week-end pour ça ». Le Français cherche encore le bon feeling au guidon de sa Ducati, sur un circuit qui lui pose quelques problèmes. Il va essayer de nouvelles choses au warm-up, dans l’espoir de trouver le petit plus qui ferait la différence.
Il lui faudra pour cela résister à Takaaki Nakagami, auteur de sa meilleure qualification de l’année (7e) et sous la pression du mercato. Le Japonais n’est pas certain de garder sa place chez LCR Honda, et doit obtenir de bons résultats pour prouver qu’il la mérite. Jerez est le circuit où il a obtenu son meilleur en MotoGP, une 4e position, et par deux fois.
De la remontada au menu
Se présenteront en milieu de peloton plusieurs des protagonistes de la catégorie, qui se sont manqués aux essais et qui sont attendus dans le groupe des « remontants » ce dimanche. On pense à Jorge Martin (9e) et Enea Bastianini (11e), tombés en Q2, mais surtout à Alex Rins (14e) qui a déjà réussi à passer de 23e à 4e à Portimao, le week-end dernier. Le co-leader du championnat est pour l’instant le seul pilote à avoir terminé les cinq premiers Grands Prix dans le top-7.
Certain qu’il pouvait prétendre à une place en deuxième ligne, Pol Espargaro est resté coincé en Q1 (13e) et entrera aussi en piste avec la hargne. « Quand tu travailles bien, que tu as la vitesse et qu’il ne se passe rien, ça fait mal, a-t-il reconnu. Mais la course, c’est demain. En partant 13e, il faudra attaquer dès le début. » Spectacle et prise de risques garantis.
Meilleur rookie – et de loin –, Marco Bezzecchi (8e) va tenter de convertir cette belle prestation en de nouveaux points marqués en catégorie reine. L’Italien doit surtout éviter de partir à la faute, son plus gros problème depuis le début de la saison. La cadence affichée à Jerez depuis vendredi en fait un candidat légitime au top-10. Le top-10, un résultat auquel Maverick Viñales va aussi aspirer malgré sa Q2 délicate (12e). Il en est à trois consécutifs avec l’Aprilia RS-GP, et s’était fixé le Grand Prix d’Espagne comme deadline pour être compétitif.
Reste, enfin, à savoir ce que feront les pilotes officiels KTM. Miguel Oliveira est dans le coup en termes de rythme, mais un problème technique a gâché ses chances en qualification (21e). Le Portugais ne vaut pas ce poste de fond de grille et finira à n’en pas douter plus haut dimanche. Peut-être même devant Brad Binder, actuel meilleur représentant des Oranges au 15e rang.
Un degré d’imprévisibilité
Certains pilotes ont été surpris par la chaleur du samedi après-midi, et les températures devraient être encore plus élevées en course. Les conditions de piste seront différentes de celles rencontrées durant les essais, pour les degrés supplémentaires et parce que la catégorie MotoGP passera après la course Moto2, qui laisse toujours beaucoup de gomme en piste. Cela va influer sur le niveau de grip, l’usure des pneumatiques et peut-être même l’aisance de certains.
Un autre élément qui complique les prédictions, et pas des moindres : le niveau extrêmement serré du peloton à Jerez. Si l’on excepte les qualifications, les pilotes se tiennent dans un mouchoir de poche : une seconde entre le premier et le vingtième aux essais libres. Tout le monde ou presque arrive à claquer des chronos rapides, comme en témoignent les données de rythmes relevées par GP-Inside. Beaucoup ont une chance à saisir ce dimanche. Qui en tirera le plus profit ? Réponse aux environs de 14h40.
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