Du Grand Prix d’Espagne, on retiendra le formidable retour à la victoire de Francesco Bagnaia, ou les sensationnelles performances des pilotes KTM. Mais aussi ce qu’il s’est passé dans les bureaux de la Direction de course, là où se sont décidées les multiples pénalités infligées durant la course MotoGP. Ce soir, le paddock de Jerez s’interroge. Et cela se résume en une question : vers quoi les Stewards sont-ils en train de faire aller le MotoGP ? Retour sur les événements.
Fabio Quartararo méritait-il d’être pénalisé pour l’accrochage du premier départ ? Le Français ne commet aucune erreur. Il est littéralement pris en sandwich entre Marco Bezzecchi et Miguel Oliveira. L’arrière de la Ducati VR46 le touche à sa droite, et il se retrouve à emporter le pilote portugais présent à sa gauche. Le tout dans l’un des virages les plus serrés du circuit, voire du championnat, dans une situation où 23 pilotes se tiennent en quelques mètres de longueur. Difficile de comprendre comment ne pas y voir un simple fait de course. Un fait malheureux, certes, mais un fait.
Contraint à effectuer un long lap, Fabio Quartararo le fait au tour 4 mais mord de quelques centimètres sur la partie verte du circuit au moment de revenir en piste. La pénalité est donc mal effectuée, estiment les Stewards, qui lui demandent de recommencer. Sévère, mais les règles sont les règles, dira-t-on. Le Niçois recommence au tour 7, cette fois dans les limites de la piste du début à la fin. Il signe un secteur 4 0,257 seconde plus rapide qu’au tour 4.
Entre ces deux moments, Francesco Bagnaia, quelques secondes devant, a dépassé Jack Miller tour 5, dans le virage 6. L’Italien a profité d’une erreur de l’Australien, en train de perdre l’avant, pour le doubler à l’intérieur. C’est musclé mais ça passe sans incident, et les deux hommes poursuivent leur route. Jusqu’à ce que les Stewards ne demandent à Pecco de rendre la place gagnée. Les commentateurs sont stupéfaits mais la sanction est bien réelle. Le champion du monde MotoGP est alors une demi-seconde devant son adversaire, mais il coupe et le laisse passer.
Qu’il y ait besoin de règles, personne ne dit le contraire. Que certaines décisions divisent le paddock, cela est normal. Mais ce qu’il s’est passé à Jerez, ce dimanche, va bien au-delà. Personne ou presque ne comprend ce qu’il s’est passé, tout particulièrement dans le cas de Francesco Bagnaia. Lui le premier. « On nous demande de faire le spectacle, de nous battre, et ensuite on nous pénalise », souriait-il à la descente du podium. Le paddock termine le Grand Prix d’Espagne frappé d’une vive inquiétude après qu’un simple dépassement de cette nature soit sanctionné. S’il n’est désormais plus possible de doubler de la sorte, quel sera, demain, le visage des courses MotoGP ?
Revenant sur sa sanction, le même Francesco Bagnaia se demandait pourquoi, si son dépassement n’était pas autorisé, la manœuvre de Jack Miller sur Jorge Martin avait échappé à une sanction. Ce faisant, le pilote Ducati soulignait l’irrégularité des décisions concernant les pénalités. Mais cela, malheureusement, n’est pas une affaire nouvelle.