Tombé à Austin, Francesco Bagnaia est « 100 % convaincu » de ne pas être fautif, et assure « ne pas pouvoir expliquer ce qu’il s’est passé ». Notre analyse des événements raconte une autre histoire. Voici les éléments qui expliquent pourquoi il a chuté dimanche. ☆ Contenu Premium : soutenez notre petite équipe, abonnez-vous et profitez de nombreux avantages !
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Francesco Bagnaia a terminé le Grand Prix des Amériques 2023 dans le bac à graviers du virage 2. Il était en tête de la course, poursuivi par Alex Rins, quand il a perdu le contrôle de sa Ducati à l’entame du huitième tour. Une chute de l’avant qu’il disait ensuite ne pas comprendre. « Je ne comprends pas comment il est possible de faire 80 tours en trois jours en faisant chaque fois pareil, et de chuter sans rien faire de différent, pestait-il à l’arrivée. Je ne pense pas être fautif ici et j’en suis 100 % sûr. Je ne peux pas expliquer cette chute et je ne pourrai jamais l’expliquer. C’est étrange à ressentir et c’est difficile de continuer comme ça. »
Ce n’est pas la première fois que le champion du monde MotoGP 2022 part à la faute alors qu’il est en tête. C’est arrivé au Grand Prix d’Émilie-Romagne 2020, puis en 2021 à celui d’Italie et d’Émilie-Romagne. Et si, contrairement aux fois précédentes, il est convaincu de ne pas avoir fauté, plusieurs éléments tendent à expliquer les raisons de cette chute.
En train de forcer : Suivi comme son ombre par Alex Rins, Francesco Bagnaia ne veut pas lui laisser le leadership. Sa stratégie n’est pas de gérer, mais de forcer et de s’échapper. Il l’a fait la veille lors de la course sprint et cela a fonctionné. Il enchaîne donc les tours rapides. Au tour 6, il commet une erreur qui lui fait perdre environ 4 dixièmes. Au tour 7, qui précède sa chute, il signe son record personnel en 2’03.202, signe qu’il était à la limite. Il établit au passage son record personnel aux secteurs 2 et 4. Et ce 2’03.202 est le deuxième tour en course le plus rapide jamais réalisé à Austin, 76 petits millièmes derrière le 2’03.126 d’Alex Rins (tour 4).
La pression de la concurrence : Au moment où il chute, Francesco Bagnaia est soumis à la pression d’Alex Rins, comme ce fut le cas en Émilie-Romagne en 2020 (Maverick Vinales), en Italie en 2021 (Fabio Quartararo) ou en Émilie-Romagne la même année (Marc Marquez). Contrairement à la veille, le pilote Ducati n’est pas parvenu à partir seul devant. Son adversaire espagnol passe les sept premiers tours dans ses échappements (entre 2 et 7 dixièmes d’écart), et entame le huitième tour à très exactement 4 dixièmes. De quoi pousser le leader à commettre de petites erreurs, comme l’indiquent le paragraphe suivant.
Trop large dans le virage : Les images de la chute à notre disposition montrent que Francesco Bagnaia entre dans le virage légèrement à l’extérieur de la trajectoire habituelle. Nos confrères italiens de Gpone affirment savoir, télémétrie à l’appui, qu’il serait à 30 centimètres de l’endroit où il passait habituellement. Nous ne pouvons confirmer cette supposition, mais il est clair qu’il n’est pas dans la position idéale. Une erreur infime, mais qui change totalement la physionomie de son passage. Et qu’il faut comprendre à la lumière du paragraphe suivant.
Température de piste et du pneu : Le virage 2, dans lequel Francesco Bagnaia est tombé, était de ceux particulièrement exposés au vent pendant la course. Il n’est pas à écarter que cela a pu gêner l’Italien dans son passage. Mais surtout : le vent refroidit la piste, et en n’étant pas sur la trajectoire idéale, on passe sur une partie du bitume plus froide. Il y a donc plus de chances d’être piégé si on n’adapte pas son pilotage. Il faut aussi tenir compte du fait que quand le pilote Ducati déclenche son virage, le flanc droit refroidit depuis 32 secondes, car il n’y a eu que des lignes droites et des virages à gauche. 32 secondes se sont écoulées entre le virage 18 (dernier droit du circuit) du tour 7 et le virage 2 (premier droit du circuit) du tour 8. 10 chutes ont eu lieu à cet endroit durant le week-end.
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