La course moto n’est pas un long fleuve tranquille, et les dernières semaines ont prouvé que l’imprévisibilité règne, même au plus haut niveau. Fabio Quartararo et Aleix Espargaro partis pour se jouer le titre à deux ? Francesco Bagnaia en a décidé autrement. Enea Bastianini trop loin pour y croire ? Le même Francesco Bagnaia a prouvé que non. À cinq courses de la fin, la course au titre de champion du monde MotoGP 2022 est plus que jamais ouverts, avec trois prétendants… et un quatrième larron qui peut encore s’inviter à la fête. ✪ Contenu Premium. GP-Inside n’existerait pas sans ses abonnés ! Version 100 % sans pub, intégralité du contenu… Soutenez notre travail, rejoignez les membres Premium !)
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En sports mécaniques, les prédictions sont plus difficiles à faire qu’ailleurs, notamment en raison des facteurs « chutes » et « casses » qui pendent au-dessus des têtes des pilotes telles des épées de Damoclès. Pour nous, journalistes, le conseil de « ne jamais crier victoire trop tôt » – et surtout de ne jamais l’écrire – est lourd de sens. Pour rester dans le vocabulaire de la course, on dit ici qu’il ne faut pas parler avant qu’ait été passé le drapeau à damiers.
Notre habitude, chez GP-Inside, est de ne rien considérer comme acquis tant qu’une course n’est pas terminée. Combien de fois un journaliste – et cela nous concerne aussi, avouons-le – a-t-il commencé à taper son résumé à quelques tours de l’arrivée, pensant que l’affaire était pliée, avant de devoir effacer et recommencer car le leader venait de chuter, ou se faisait subitement rattraper ?
Si la prudence est de mise lorsqu’il s’agit d’une course, elle est incontournable quand on parle de championnat. Un scénario ne doit pas être écarté tant qu’il est mathématiquement possible. Et en la matière, les dernières semaines ont été riches d’enseignements.
Au soir du 19 juin, Francesco Bagnaia repartait du Sachsenring (Allemagne) avec 91 points de retard sur Fabio Quartararo, après un début de saison en partie gâché par quatre chutes en dix Grands Prix. Des victoires à Jerez (Espagne) et au Mugello (Italie) lui permettaient de ne pas être trop mal classé, mais les bookmakers ne conseillaient pas de miser sur lui. Trois mois plus tard, Pecco n’est plus qu’à 10 longueurs de son adversaire niçois.
Vainqueur à Assen (Pays-Bas), à Silverstone (Grande-Bretagne), à Spielberg (Autriche) et à Misano (Saint-Marin), l’Italien est devenu le premier pilote Ducati de l’histoire à gagner quatre fois de suite. Sa deuxième place au MotorLand Aragon, dimanche dernier, en a aussi fait le premier pilote à aligner cinq podiums depuis Marc Marquez en 2019. Hier encore, il était presque écarté de la liste des candidats au titre ; aujourd’hui, il est considéré comme le favori.
Le Grand Prix d’Aragon a fait montre l’imprévisible du sport moto. Excellent en termes de rythme, Fabio Quartararo espérait se battre pour le podium. Un contact avec Marc Marquez dès le premier virage l’a envoyé au tapis. Quarante minutes plus tard, son avance sur Francesco Bagnaia passait de 30 à 10 points ; celle sur Aleix Espargaro, de 33 à 17 points. La course au titre ? Totalement relancée. Dans son malheur, le pilote Yamaha s’en sort bien car il n’est pas blessé. Le contraire aurait amenuisé ses chances de couronnement, avec quatre courses à disputer dans les cinq prochaines semaines.
Sept jours plus tôt, l’épreuve de Magny-Cours (France) du championnat du monde Superbike nous offrait déjà une piqûre de rappel. En train de remonter sur le leader du classement, Alvaro Bautista, Toprak Razgatlioglu chutait en Course 1 et se retrouvait à 58 points. Mais 24 heures plus tard, l’Espagnol se faisait percuter par Jonathan Rea, et assistait impuissant au succès de Toprak Razgatlioglu en Course 2. Nouvel écart à la fin du week-end : 30 points. Ceux qui, samedi soir, voyaient Alvaro Bautista en route vers le titre, ne pouvaient que s’excuser d’avoir parlé trop vite.
Le sport moto est un sport imprévisible, et un sport de chiffres. Les mathématiques font la loi. Voilà donc pourquoi toutes les options doivent être évaluées tant qu’elles sont réalisables. Cinq courses restent à disputer en MotoGP, donc 125 points sont à prendre. Douze pilotes sont donc encore potentiellement « titrables ». Sans aller jusqu’à dire que Luca Marini, 12ème à 120 unités de Fabio Quartararo, conserve encore toutes ses chances, les leçons du passé invitent à la prudence à l’heure des pronostics.
Francesco Bagnaia, à 10 points, et Aleix Espargaro, à 17 points, sont en mesure de repartir du Grand Prix du Japon au sommet du classement. Ce nouveau schéma pourrait même inverser la dynamique du championnat, car il va retirer un peu de pression des épaules de Fabio Quartararo, et en mettre sur celles de l’Italien et de l’Espagnol. Ils étaient jusqu’à présent dans la configuration du « rien à perdre, tout à gagner » ; leur position vient de changer.
Ces trois hommes sont-ils les seuls à pouvoir prétendre à la couronne ? « 48 points de retard, c’est trop pour moi », affirme Enea Bastianini, quatrième du championnat. Mais qu’est-ce que « trop » quand il en reste 125 à prendre, que des chutes, des accrochages, des pannes et des blessures – que nous ne souhaitons à personne – sont possibles ? La possibilité, pour le pilote Gresini, d’être sacré, est d’ailleurs celle qui empêche pour le moment Ducati de lui donner des consignes d’équipe pour favoriser Francesco Bagnaia.
À cinq Grands Prix du terme de la saison, tout reste à faire. Que dit la dynamique du championnat ? Qu’il y a un favori, Francesco Bagnaia ; un leader dans la peau d’un résistant, Fabio Quartararo ; un outsider prêt à saisir la moindre opportunité, Aleix Espargaro ; et au moins un trouble-fête que l’on ne peut exclure de la liste, Enea Bastianini.
MotoGP – Championnat Pilotes après le GP d’Aragon (14/20) :
1. Fabio Quartararo – 211 pts
2. Francesco Bagnaia – 201 (-10)
3. Aleix Espargaro – 194 (-17)
4. Enea Bastianini – 163 (-48)
5. Jack Miller – 134 (-77)
6. Johann Zarco – 133 (-78)
7. Brad Binder – 128 (-83)
8. Alex Rins – 108 (-103)
9. Jorge Martin – 104 (-107)
10. Maverick Viñales – 104 (-107)
11. Miguel Oliveira – 95 (-116)
12. Luca Marini – 91 (-120)
13. Joan Mir – 77 (-134)
14. Marco Bezzecchi – 74 (-137)
15. Marc Marquez – 60 (-151)
16. Takaaki Nakagami – 46 (-165)
17. Pol Espargaro – 43 (-168)
18. Alex Marquez – 39 (-172)
19. Franco Morbidelli – 26 (-185)
20. Fabio Di Giannantonio – 23 (-188)
21. Andrea Dovizioso – 15 (-196)
22. Darryn Binder – 10 (-201)
23. Remy Gardner – 9 (-202)
24. Raul Fernandez – 8 (-203)
25. Stefan Bradl – 2 (-209)
26. Cal Crutchlow – 2 (-209)
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