Dans la deuxième partie de cette entrevue, Marc Marquez revient sur sa blessure ou encore son contrat avec Honda. Notre rencontre avec l’octuple champion du monde a eu lieu avant l’annonce de sa séparation avec le constructeur japonais, mais quelques-unes de ses réponses restent intéressantes.
Était-ce une erreur de signer un contrat pour 4 ans en 2020 ?
« Ça dépend comment tu l’évalues. Si on l’évalue seulement en pensant à moi, ce n’était pas une erreur parce que j’ai été blessé deux ans. Si on le voit du côté de Honda, je ne sais pas, je n’ai pas la réponse, il faudrait qu’ils répondent à cette question. Mais de mon côté, ce n’était pas une erreur parce que, malheureusement, j’ai été blessé en 2020 et, en 2021, j’ai piloté, mais pas à mon meilleur niveau. »
Penses-tu être revenu de blessure trop tôt en 2020 ?
« J’ai commis l’erreur de revenir trop tôt après la blessure. La blessure peut arriver, on ne décide pas. Mais ce que l’on peut décider, c’est l’après-blessure, la façon de se remettre, la façon de revenir, et moi j’ai commis une erreur en revenant trop vite, et j’en ai payé le prix. »
Cette année, tu sembles avoir changé d’état d’esprit…
« J’ai changé parce que durant la trêve estivale — et à chaque fois que nous avons une pause — j’analyse la situation. Durant l’été, j’ai réalisé que ce n’était pas la chose à faire, que j’étais en train de commettre des erreurs. Trop d’erreurs. Et les erreurs, il est nécessaire de comprendre d’où elles viennent. Et je me suis rendu compte que c’était à cause de mon approche de la course. Tous les week-ends, je voyais les choses avec la mentalité d’un pilote qui pouvait gagner. Mais j’ai réalisé pendant le break estivale que nous étions en fait très loin. Très loin d’arriver à cet objectif. Pas un peu, vraiment très loin. J’ai analysé, parce qu’après six ou sept courses, je me suis cassé trois os, un ligament… Je me suis dit que je ne pouvais pas continuer comme ça. Ma condition physique allait empirer avec toutes ces blessures alors que maintenant, pour la deuxième partie de la saison, l’objectif est de retrouver ma condition physique et de commencer à améliorer mon niveau, étape par étape. »
As-tu pris conscience de la situation au Grand Prix d’Allemagne ?
« Non, ce qui est différent c’est que, par exemple, en 2021, je reviens et je finis pratiquement toutes les courses. J’attaquais comme cette année, mais notre niveau nous permettait d’aller chercher des podiums, même si ma dernière victoire remonte à 2021 avec un bras qui avait pivoté de 30°. Étais-je meilleur avec un bras qui avait pivoté de 30° ? Non, je souffrais davantage, mais la moto était meilleure. La moto n’était pas meilleure que celle d’aujourd’hui, mais elle était plus équivalente à celle des autres. Je me suis dit que j’allais prendre des risques, mais prendre ces risques était suffisant pour être sur le podium. Maintenant, il faut prendre le double de risques. Si tu prends des risques, tu es dans le Top 10, si tu en prends davantage, tu es dans les sept premiers ou alors il faut que je prenne des risques encore plus importants, comme en Inde. En Inde, j’ai vu le podium et je me suis dit que j’allais prendre cet extra-risque et je le sais si je dois le faire ou non. Je l’ai fait au sprint, ce fut un succès… je l’ai fait le dimanche, petite chute. Au final, tu choisis ce que tu veux faire. »