À l’occasion du Grand Prix d’Indonésie, GP-Inside s’est entretenu en tête-à-tête avec Fabio Quartararo. Nous avons tenté d’aborder tous les sujets : de la Yamaha, en passant par la saison en course, l’avenir…
Comment abordes-tu ce premier triplé ?
« Ça va, je le vis plutôt bien. Mandalika est un circuit que j’apprécie beaucoup. Commencer par un circuit qu’on aime bien, c’est toujours mieux. En Inde, on a fait un bon résultat donc, au Japon, on était un peu plus contents. Ensuite, je pense que ça va être bien. On retourne à la maison et après on a encore un autre triplé. Je pense que c’est davantage celui-là qui va faire mal, ça va aller. »
Comment résumerais-tu ta saison ?
« Compliquée. Je m’attendais à une saison difficile… mais pas autant. Sincèrement, je m’attendais à une année avec déjà trois ou quatre podiums, deux ou trois podiums en Sprint, mais pas une saison comme celle-là, pas une saison aussi compliquée. On voit vraiment la difficulté qu’on a avec notre moto et on ne peut vraiment rien faire contre les autres. »
Qu’est-ce qui te manque aujourd’hui ?
« Quand je suis sur un rythme de course, c’est comme si j’étais en qualifs. Le rythme que j’ai durant les essais, je pousse à 100 % de mes capacités. Je ne dis pas que les autres ne poussent pas à 100 % de leurs capacités, mais, en tous cas, nous, quand on chausse un pneu neuf pour faire un tour qualif , il n’y a rien qui change sur la moto, on ne peut pas ajouter davantage de puissance, on ne peut rien faire. (…) Sur un tour, ils (les pilotes Ducati) peuvent pousser au maximum sur le pneu tandis que nous, on ne peut rien faire de similaire. Avoir le rythme tout seul, c’est quelque chose… Mais quand tu te qualifies aussi loin et qu’ensuite tu ne peux pas imprimer ton rythme, tu ne peux rien y faire. »
Quels changements attends-tu de la part de Yamaha ?
« Leur état d’esprit, qu’ils comprennent que c’est la compétition. Si on doit casser un moteur parce qu’on a essayé de chercher la limite, il faut que ce soit normal. Il faut que l’on joue avec la limite. Je pense que c’est la mentalité des constructeurs japonais, d’être un peu trop conservateurs. Alors que c’est important pour nous de prendre énormément de risques. Surtout dans une situation où Yamaha est dernier constructeur. Ça ne change rien si tu es dernier à cinq points ou à cinquante points, donc il faut tenter quelque chose pour faire un bond en avant. »
Cal Crutchlow, pilote essayeur Yamaha, disait que l’attention est trop portée sur l’aéro alors qu’il faudrait davantage travailler sur la moto et l’électronique, partages-tu cet avis ?
« Tu ne peux pas t’en passer quand tu as de la puissance. Si on regarde les Ducati, ils ne vont jamais couper de la puissance parce qu’ils souffrent de wheelies. Nous, puisqu’on manque de puissance, parfois il faut quand même que l’ingénieur enlève un peu de puissance parce que la moto cabre trop. Chez Ducati, ça n’existe pas. Chez KTM ou chez Aprilia, non plus. Chez Honda, je ne sais pas. Mais je sais que sur ces trois marques, ça n’existe pas. Pour moi, la priorité numéro un, c’est d’avoir un moteur puissant. Avec ça, on peut davantage jouer avec l’aéro. Le look de la moto n’a pas beaucoup changé depuis des années. Et petit à petit, ils rajoutent des choses. Mais si on regarde les autres, ils ne rajoutent pas des choses, ils changent tout. Je pense qu’à force de rajouter, rajouter, rajouter… on ne rajoute plus grand-chose depuis déjà trois ou quatre ans et on a atteint une certaine limite. Pour moi, c’est là-dessus qu’il va falloir faire une grande différence. »
Penses-tu qu’il faudrait passer à un moteur V4 comme toutes les autres marques engagées ?
« J’en ai aucune idée parce que j’ai toujours été sur une quatre cylindres en ligne. Mais quand on voit que toutes les marques sont en V4… Si on était dans les deux, trois, quatre, cinq premiers, je dirais que c’est à peu près pareil, mais si on voit qu’on est toujours dernier constructeur, je pense qu’il faudra se poser quelques questions et se dire qu’il faudra peut-être changer un petit peu ce qu’il se passe. Après, le moteur de la Suzuki l’année dernière fonctionnait beaucoup mieux que le nôtre et je pense que si l’année prochaine on avait la même puissance que Suzuki ça serait déjà énorme. »