Jerez est parmi les circuits du calendrier où la qualification et les premiers tours sont les plus importants dans la quête d’un bon résultat à 14h40, le dimanche. Une partie du succès de Francesco Bagnaia s’est jouée là, mais pas seulement.
Favori annoncé du Grand Prix d’Espagne, Fabio Quartararo était plus fort que tout le monde à Jerez. Tout le monde, excepté peut-être Francesco Bagnaia. L’Italien a réussi à déjouer les plans du Français en se hissant à son niveau, lors d’un week-end andalou où il signe enfin son retour à la victoire. La première en 2022, après n’avoir fait mieux que 5e sur les cinq premières courses.
Comment le vice-champion du monde s’y est-il pris pour venir à bout du tenant du titre ? Il y a, d’abord, l’explication technique donnée en conférence de presse : la Ducati Desmosedici GP22 est meilleure que la version 2021 sur les circuits sinueux, comme l’est celui de Jerez. Et l’homme à son bord commence à la faire sienne. « J’ai décidé d’arrêter de vouloir que la moto s’adapte à moi, et de changer mon style pour m’adapter à elle. »
Ensuite, le scénario du dimanche. Il est courant de dire qu’à Jerez, les courses se jouent dans les premiers tours. Parce qu’ensuite les rythmes sont relativement proches, et – surtout – qu’il est difficile de dépasser sur ce tracé, comme Aleix Espargaro en a fait l’expérience derrière Marc Marquez. Mais aussi car ici, la chaleur fait monter la pression et la température des pneus si on se retrouve derrière quelqu’un. D’où l’importance, pour gagner, de bien se qualifier et partir devant.
Francesco Bagnaia avait rempli une partie du contrat en décrochant une incroyable pole position record, samedi. Mais il se savait menacé par Fabio Quartararo, qui avait montré un rythme de course légèrement meilleur aux essais, et serait tenté de s’échapper s’il le doublait. Tout s’est donc joué dans les premiers kilomètres.
Bien parti, Pecco a freiné particulièrement fort au premier virage, pour empêcher le Français – qui commençait à pointer l’avant de sa Yamaha – de lui faire l’intérieur. Avant d’adopter sans tarder des lignes défensives. « J’ai pris un bon départ, je suis content parce que nous avions du mal à en faire avec le GP22. Puis, dans les premiers tours, j’ai pensé à fermer toutes les portes, surtout dans le dernier virage. Je savais que c’était l’homme à battre et que s’il passait devant, j’aurais des problèmes avec le pneu avant. »
El Diablo a donné la même version, mais dans l’autre position, en conférence de presse : « Je savais que si je ne pouvais pas le doubler dans les deux ou trois premiers tours, ça allait être difficile avec le pneu avant et c’est ce qui est arrivé. En course je suis resté un peu ‘loin’ derrière car c’était impossible de rouler proche, l’avant glissait beaucoup, on aurait dit un chewing-gum ! »
Contraint à laisser une distance de quelques mètres, Fabio Quartararo a mis la pression à son adversaire, sans jamais être à plus d’une seconde – écart maximum de +0,803 au 13e tour. Mais le pilote Ducati n’a jamais craqué : quelques boucles en 1’37, puis bien 18 tours consécutifs entre 1’38.0 et 1’38.4. Aucune erreur, ou très peu, comme à son habitude quand il est dans un grand jour. Un rythme et une constance impressionnants, qui ont obligé le champion du monde à s’incliner. « J’ai poussé à la limite à la fin, j’étais un peu plus proche au virage 10, j’ai essayé de me rapprocher mais je suis sorti large au virage 11 et je savais que je ne pourrais pas revenir. »
Vainqueur à Jerez, Francesco Bagnaia lance enfin une saison 2022 où le podium lui résistait encore, lui qui en avait décroché six lors des huit derniers Grands Prix de la campagne 2021. Il passe de la 10e à la 5e place du championnat, avec pour prochaines cibles Alex Rins (4e) et Enea Bastianini (3e), tous deux 13 longueurs devant.
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