Qui va où en 2023 ? Le marché des transferts MotoGP s’apprête à entrer en ébullition, en même temps que se produit le retour des Grands Prix en Europe. Les prochaines courses et semaines seront décisives pour la composition de la future grille. GP-Inside fait le point sur les signatures actées et les rumeurs qui circulent avant le Grand Prix du Portugal.
Yamaha
Vice-champion du monde 2020, mais décevant depuis le début de la saison 2021, Franco Morbidelli aura jusqu’à fin 2023 pour retrouver le chemin de la gagne chez Monster Energy Yamaha. Le nom de son coéquipier n’est pas encore connu. Les Bleus voudraient que ce soit Fabio Quartararo, mais il s’accorde le temps de la réflexion.
Le Français voit ses résultats sérieusement handicapés par le déficit de puissance de la M1. Son dernier podium sur le sec, dans des conditions normales, remonte à octobre 2021. Ses qualités de pilotage crèvent l’écran, et nul n’ignore que s’il se retrouve à se battre entre la 5e et la 10e place, les raisons en sont matérielles.
De quelles options disposent-ils ? Sauf surprise détonante, il ne prendra pas le chemin de Ducati, KTM et Aprilia. Restent donc : prolonger chez Yamaha si le projet qui lui est présenté pour 2023 lui convient ; toquer à la porte de Suzuki, dont la machine est celle qui ressemble le plus à la M1, mais avec de la puissance en plus ; rejoindre Marc Marquez chez Honda.
La situation du WithU Yamaha RNF MotoGP Team est elle floue. L’équipe est en proie à des difficultés, en piste mais aussi en-dehors. Par quoi cela se traduira-t-il ? Difficile à dire. Il va d’abord falloir que la structure malaisienne RNF prolonge son contrat avec Yamaha, ce que le constructeur japonais espère faire d’ici à cet été. Il faudra ensuite régler la question des pilotes.
Rookie en MotoGP, Darryn Binder pourrait profiter de ce statut pour bénéficier d’une deuxième année, afin de compléter son apprentissage et laisser à voir s’il a sa place ou pas. Quant à Andrea Dovizioso, il a fait comprendre qu’il n’était pas là pour se battre pour entrer dans les points, ce qu’il fait en ce moment. Son adaptation à la M1 avance peu. Mais un départ compliquerait les affaires du team, car le sponsor WithU est là pour accompagner le vétéran italien.
Qui pour entrer chez RNF en cas de changement ? Le nom de Raul Fernandez circule, car il souhaitait initialement faire ses débuts en MotoGP sur une Yamaha. Aussi celui de Jake Dixon, pilote Moto2 que la Dorna aimerait voir en catégorie reine pour le bien du marché britannique – il n’y a aucun représentant de la Grande-Bretagne. Et pourquoi pas, simple idée, l’actuel leader en catégorie intermédiaire, Celestino Vietti.
Quid de Toprak Razgatlioglu ? Le champion du monde Superbike veut grimper en MotoGP, mais pas à n’importe quel prix. Il attend de Yamaha que lui soit cédée une place dans l’équipe officielle. Cela ne pourra se faire qu’en cas de départ de Fabio Quartararo. Mais d’autres alternatives existent, comme celle de le placer chez RNF avec un soutien de l’usine. Affaire à suivre.
Honda
Marc Marquez vivra en 2023 sa onzième saison au HRC, et même douzième en 2024 puisque c’est déjà signé. Moins sûr, en revanche, que Pol Espargaro soit toujours son coéquipier. L’Espagnol a obtenu deux podiums depuis son arrivée chez Repsol Honda, en 2021, et va avoir besoin d’en décrocher plus pour conserver sa place.
Dès cet hiver, il a été dit que Honda cherchait un remplaçant à Polyccio. Ont été cités les noms des deux derniers champions du monde, Joan Mir et Fabio Quartararo, tous deux en manque de podiums ces derniers mois : l’Espagnol en obtenu un sur les six dernières courses, contre un en sept Grands Prix pour le Français.
Quant au team LCR, il apparaît de plus en plus difficile de garder intactes les troupes actuellement en lice. Alex Marquez et Takaaki Nakagami se battent généralement entre la 10e et la 15e place dans les bons jours, et peinent à marquer des points dans les mauvais.
Rien n’a encore circulé quant à de possibles substitutions, mais une piste existe et mène à Ai Ogura. L’équipe LCR Honda est sponsorisée par la marque japonaise Idemitsu pour le côté du box de Takaaki Nakagami. Or, Idemitsu et Honda tiennent à avoir un représentant japonais en MotoGP. Ça tombe bien, Ai Ogura est actuellement deuxième du mondial Moto2.
KTM
Sous contrat jusqu’en 2024, Brad Binder a déjà une KTM officielle qui porte son nom. Et les trois autres ? « Nous voulons continuer comme nous le sommes maintenant », a récemment indiqué le team-manager de chez Red Bull KTM Factory Racing. Ce qui signifierait prolonger Miguel Oliveira aux côtés du Sud-Africain, ainsi que Remy Gardner et Raul Fernandez chez Tech3.
La décision appartiendrait aux pilotes, d’après l’Italien, et il ne le mentionne pas par hasard. Si Miguel Oliveira dit vouloir prolonger, la rumeur court dans le paddock qu’il serait tenté d’aller voir ailleurs. Une manière d’enfin trouver de la régularité, lui qui est capable de dominer des courses – Portimao 2020, Barcelone 2021, Mandalika 2022 – puis de disparaître la semaine suivante.
Dans l’équipe Tech3, Remy Gardner et Raul Fernandez ne connaissent pas les débuts en MotoGP espérés – seul l’Australien a marqué un point en quatre Grands Prix. Étant débutants, la marque autrichienne doit leur donner du temps, donc au moins une année supplémentaire. Reste à savoir s’ils ne vont pas tendre l’oreille à d’autres constructeurs. On sait par exemple que l’été dernier, Raul Fernandez souhaitait être sur une Yamaha plutôt qu’une KTM en 2022.
Suzuki
Associés depuis 2019, Alex Rins et Joan Mir pourraient repartir pour une cinquième aventure commune au Team Suzuki Ecstar. C’est en tout cas le souhait exprimé par le nouveau team-manager, Livio Suppo, à son arrivée dans le box.
Les résultats sont au rendez-vous chez Alex Rins, qui vient de signer deux podiums consécutifs et occupe la deuxième place du classement. Joan Mir n’est lui pas encore monté sur la boîte, mais il s’en rapproche et vient d’enchaîner deux places de quatrième. Ces bilans, et les progrès de la Suzuki GSX-RR, sont des atouts dans la manche de la marque japonaise.
Il a cependant un temps été question d’un transfert de Joan Mir, contacté par Honda. Cette possibilité existe officiellement toujours, mais semble s’être amoindrie. En cas de départ, Suzuki devrait lui trouver un remplaçant. Est cité le nom de Fabio Quartararo, car la moto est celle qui se rapproche le plus de la Yamaha, mais avec la puissance dont il manque actuellement.
Ducati
Francesco Bagnaia a déjà signé pour 2023 et 2024 avec Ducati. Comme chez Honda, KTM et Yamaha, les questions portent sur le nom du deuxième pilote de l’équipe officielle. À ce poste depuis 2021, Jack Miller risque de le perdre au profit de Jorge Martin.
L’Espagnol est en pole position pour rejoindre le Ducati Lenovo Team, ajoutant son nom à la liste des pilotes promus depuis le team Pramac. Enea Bastianini a aussi été cité, mais les probabilités sont moindres. L’Italien a plus de chances d’être promu chez Pramac, où de rester chez Gresini mais avec un soutien accru de la part de Ducati. Les dernières déclarations de Bestia sur le sujet sont qu’il n’exclut rien, et jaugera le mercato plus tard.
Ducatiste depuis 2020, Johann Zarco espère l’être toujours en 2023. Le patron de l’équipe Pramac, Paolo Campinoti, s’y est montré grandement favorable. Et c’est là que l’équation devient épineuse : entre Enea Bastianini, Jack Miller, Johann Zarco et Jorge Martin, il y a quatre pilotes pour trois GP22 à prendre – une dans le team officiel, deux chez Pramac.
Chez Gresini Racing, on rêve évidemment de garder Enea Bastianini mais ce ne sera pas chose simple, en raison du statut de cador qu’il est en train d’acquérir. Son coéquipier Fabio di Giannantonio devrait lui pouvoir rester en place. Peu d’informations sont pour l’instant à notre connaissance concernant le Mooney VR46 Racing Team, mais la proximité de Luca Marini et la vitesse affichée par Marco Bezzecchi incitent à croire qu’ils ne manqueront pas d’une proposition de prolongation.
Aprilia
Vainqueur de son premier Grand Prix en Argentine, Aleix Espargaro n’a jamais été aussi rapide qu’en ce moment avec l’Aprilia RS-GP. Ses résultats l’incitent à vouloir prolonger de deux saisons, lui qui est chez Noale depuis 2017. Mais les premiers contacts avec la marque italienne ont été « très décevants ».
De son propre aveu, le pilote espagnol en attendait plus et espère que son travail sera valorisé d’une autre manière que vía la proposition reçue. De ce que GP-Inside a pu savoir, il s’agirait là d’un problème économique à résoudre.
Arrivé en septembre 2021, Maverick Viñales est en progrès et estime que ce n’est qu’une question de temps et d’adaptation avant qu’il ne rejoigne le groupe de tête. Dans ces circonstances, il y a fort à parier que l’Espagnol et son employeur trouveront un terrain d’entente pour poursuivre leur route ensemble. S’arrêter dès à présent ne ferait pas sens.