Pourquoi Marquez plutôt que Martin : les explications de Dall'Igna
Le directeur général de Ducati Corse, Gigi Dall'Igna, a accordé un long entretient à la TV italienne Sky au sujet du transfert de Marc Marquez dans l'équipe officielle Ducati. Pourquoi lui plutôt que Jorge Martin, quelles conséquences auprès de la marque, quid d'Enea Bastianini et du team Pramac : voici, après traduction, la synthèse des confessions du dirigeant italien.
Le timing de la décision : « La décision a été prise le dimanche du Mugello. Samedi après-midi, nous avions une décision embryonnaire et puis tout s'est développé après le Grand Prix de dimanche. Nous avons eu peu de temps pour régler les détails du contrat. »
Pourquoi Marquez plutôt que Martin : « Pour la prise de conscience, acquise ces derniers mois, qu'il peut faire la différence avec notre moto. Notre moto a atteint des niveaux incroyables, donc le fait d'avoir deux pilotes comme Marquez et Bagnaia augmente les chances de remporter le titre, qui est notre objectif. Comme l'a dit un jour Max Biaggi, les courses de motos ne sont pas un concert de musique classique, dans le sens où tout peut arriver en course. Donc je pense qu'avoir deux pilotes capables de se battre pour le titre est la meilleure chose . »
« L'objectif est de remporter les titres. Avoir Marc et Pecco nous permet d'essayer d'atteindre cet objectif difficile, car les rivaux se sont également renforcés cette saison. Ce sera toujours le cas. Ce sera plus compliqué de gagner l'année prochaine. (...) C'était une décision compliquée, tant d'un point de vue sportif que d'un point de vue humain, car aucun coureur (ne déméritait). J'ai changé d'avis plusieurs fois ces derniers jours, mais au final je suis convaincu que Marquez est le bon choix. Nous avons la meilleure équipe de l’histoire de Ducati. Je suis vraiment heureux. »
Impossible de garder les deux, à contrecœur : « Notre objectif était de garder Martin et Marquez et nous savions dès le début que ce serait très compliqué. Nous avons essayé jusqu'au bout, jusqu'à ce que nous nous rendions compte que ce n'était plus possible. La solution était de parier sur Martin ou sur Marquez. C'était une décision compliquée, mais finalement nous avons opté pour Marc. »
Pas un nouveau défi lancé à Bagnaia pour prouver sa valeur : « Pas pour moi. Il n'a rien à prouver. En MotoGP, il a déjà remporté deux championnats du monde, il fait des choses fantastiques sur la moto. Il est notre pilote de pointe. Nous avons prolongé avec lui avant le début du championnat du monde 2024et il n'a rien à prouver. »
Les besoins techniques de Marquez dans le développement de la Ducati : « Du point de vue du développement de la moto, je ne suis absolument pas inquiet. Nous avons notre philosophie, qui consiste à suivre plus d'un pilote en fonction du développement qu'il souhaite faire. Ce qui est à l'avantage de tous, c'est que cette année déjà, Márquez fait partie de ces pilotes qui nous aident à améliorer la moto. Ce qui m'inquiète, c'est la gestion sportive. Le climat à l'intérieur du garage Ducati est merveilleux et notre objectif est que ça continue l'année prochaine. »
L'importance de l'aspect marketing : « Je ne sais pas ! Je ne suis pas un homme de marketing. Si quelqu'un veut faire échouer une entreprise, il me confie le marketing à gérer et il atteint l'objectif (rires). Mon choix d'opter pour Marquez est basé sur seulement sur des raisons sportives. Quelqu'un dans l'entreprise aura sûrement fait son évaluation. C'est certainement un pilotequi divise : il y a ceux qui l'aiment à mort et ceux qui le détestent à mort. En Italie, il a moins de fans, mais dans le monde, il y a beaucoup de gens qui le soutiennent. »
Les moyens qui seront données à Martin d'ici fin 2024 : « Nous faisons du sport et donc avant tout nous devons être sportifs. Rien ne peut être dit sur notre gestion des motos satellites. Tous ceux qui ont nos motos satellites ont eu l'opportunité de développer leurs talents. Il en sera de même avec Martin d'ici à la fin de l'année. Il ne manquera pas de notre soutien, tant technique qu'humain. »
Bastianini écarté de la sélection depuis déjà quelques semaines : « Enea a fait des choses merveilleuses avec nous, aussi bien avec une équipe privée que dans l'équipe officielle. Il n'a tout simplement pas eu de chance. Il a gâché sa première saison à cause d'un accident lors de la première course, réussissant à récupérer seulement en fin de championnat du monde et puis sur ces premières courses de 2024. On sait qu'il vaut beaucoup, mais on avait deux titans qui étaient déjà prêts à se battre car ils venaient d'un chemin différent, et Enea a été écarté un peu plus tôt. »
Le risque de voir Prima Pramac Racing quitter Ducati (pour Yamaha, vraisemblablement) : « Le risque est réel. Le monde entier de la moto encourage Pramac à faire quelque chose de différent d'avec Ducati. Mais ce serait une déception à la fois personnelle et sportive, car Pramac et Campinoti sont avec nous depuis longtemps, ils font partie du succès que nous connaissons. Ce serait dommage, tout est à évaluer, mais le problème existe bel et bien. »