Johann Zarco nous a confirmé ce dimanche qu’il sera bien pilote Honda en 2024 et 2025. Un choix motivé par le fait qu’il y avait « trop d’incertitudes chez Ducati », et une seule année de contrat qui lui était proposée. Le Français a pris le temps de son débriefing du Grand Prix d’Autriche pour revenir sur sa décision et expliquer comment il aborde cette nouvelle étape de sa carrière.
L’esprit plus léger d’avoir assuré son avenir en MotoGP en 2024-2025 : « Le soulagement viendra dans les semaines à venir, mais il y a eu des petits maux de tête hier soir, pendant la nuit et ce matin. C’est une sorte de lâcher prise qui peut aider pour l’intensité de la fin de la saison. Se stresser chaque année (pour son avenir) après 5-6 courses, même en performant bien… Là, c’est vraiment le plaisir que se dire que sportivement, tu te prépares sur du long terme. Deux ans ce n’est pas grand chose, mais pour quelqu’un qui vit d’année en année, ça semble long et ça me plaît. Ma vie tourne autrement qu’à l’époque où j’avais signé 2 ans avec KTM. Je suis prêt à affronter des moments difficiles. »
Un grand défi qui demandera beaucoup, mais qui peut marcher : « Ces 3 dernières années j’ai ouvert mon esprit à changer des choses sur moi-même en pilotage. À ce niveau il faut rouler naturellement et je ne peux pas le faire tout le temps, je le fais mais ce n’est parfois pas naturel, je suis le cul entre 2 chaises, c’est ce qui me manque un peu certains week-ends. Mais avec ma capacité d’adaptation, je peux croire en moi, et avec ma manière d’être, je suis tenace, pas comme Alex (Rins, pilote Honda qu’il remplacera, NDLR) qui est très léger avec certaines choses. Il va gagner, va faire 20e la course d’après et on dirait qu’il vit les choses de la même manière. S’il y a des moments durs, je suis prêt à les affronter et à les apprécier. Le projet est cool, ce n’est pas quelque chose de fou, c’était plus fou à l’époque de KTM car eux arrivaient en MotoGP. Là ça reste Honda et on sait qu’ils ont cette puissance, et si ça marche c’est cool. Je crois que Marquez peut encore gagner avec cette moto s’il peut reprendre ce plaisir de rouler avec. »
Une arrivée chez Honda qui était voulue fin 2019 : « Lucio (Cecchinello) et Puig ont été mes deux contacts principaux. Avec Alberto (Puig), fin 2019 j’aurais pu prendre la place de Jorge Lorenzo quand Alex Marquez a pris cette place. Honda, et surtout Alberto, avaient beaucoup apprécié mes 3 courses, ça coulait de source de pouvoir être là. Il y a eu la puissance de Marc, comme son frère était champion, ‘viens à côté de moi pour 2020’, Honda était limité et n’a rien pu faire, mais il y a quand même eu ce sentiment de : ‘Mince, on a raté quelque chose’. Là ils n’ont pas la moto qui gagne mais comme j’ai ce style qui s’adapte à beaucoup de choses, ça peut aider. »
Réussir où Rins n’a pas voulu persévérer : « Je suis assuré d’avoir la moto officielle, et après ça marche aussi aux résultats. Si je montre ma constance à être rapide et à pas passer au travers dès que ça ne marche pas bien, je pense que j’aurai le support de Honda car je n’ai pas le même caractère qu’Alex Rins et je me dis que c’est un défi à prendre. Il y en a qui se sont bien cassés les dents dessus mais qui ne sont peut être pas arrivés au bon moment. Lui, 5 ans avec la Suzuki, ça ne t’apprend pas à modifier ta perception des choses. Il est resté dans son style qu’il avait en Moto2, moi j’ai évolué. Ça n’aide pas à gagner mais ça aide à garder l’esprit ouvert pour analyser des situations bonnes ou moins bonnes. »
Le souvenir qu’il garde de la Honda RC213V 2019 pilotée à Phillip Island, Sepang et Valence : « J’ai le souvenir d’avoir été surpris, surtout après avoir quitté Honda et être monté sur la Ducati. Je m’attendais à ce que la Ducati soit bien plus facile, et dans cette période là, la Honda était plus facile. Une moto difficile, mais qui se comportait presque plus comme une Yamaha que comme une moto avec un moteur en V. C’est là ou j’ai découvert qu’il y a une sorte d’esprit esprit japonais et d’esprit européen, de caractère japonais et de caractère européen. Sur une moto, le caractère européen est assez brusque, le caractère japonais est plus malléable. C’est ça que j’ai en souvenir, une moto assez malléable au premier abord. »
Un nouveau staff avec qui travailler : « J’ai confiance en l’équipe technique car celui qui est devenu chef-mécano chez LCR était mon data guy quand j’ai été champion du monde Moto2. Il y a le plaisir de se retrouver. Ses meilleures années furent nos deux années de titre ensemble. En termes technique j’ai bien confiance car dès que je suis passé en MotoGP, lui est parti avec Pedrosa, on a continué à échanger et il a vu plein de choses avec Pedrosa, donc ça fait un moment qu’il est dans le giron Honda. »
« Le Père Noël n’existe plus » : « Il faut vivre le présent, et le présent c’est la course que j’ai pas très bien fait. Dans la nuit ça m’a fait un feeling de ‘Ah, c’est quand même une décision avec peut-être encore plus de galères que là’. Ça fait bizarre, tu as l’impression d’avoir un rêve d’être champion du monde et tu oublies ce rêve. Mais au delà de ça, le rêve d’être champion est tellement unique que tu peux quand même faire de grands choses sans pour autant être champion. Mais il y a eu un petit moment de sentiment lourd, comme quand tu comprends que le Père Noël n’existe plus. »