Gregg Black : « Après cette victoire au Mans, j’ai hâte d’être à Spa début juin »
Le SERT (Suzuki Endurance Racing Team), champion du monde d’endurance en titre, a parfaitement commencé la saison 2022 en s’imposant aux 24h du Mans. Gregg Black, qui faisait équipe avec Xavier Simeon et Sylvain Guintoli, nous raconte les coulisses de cette victoire et se projette déjà sur la prochaine épreuve, les 4 et 5 juin, sur le mythique circuit de Spa-Francorchamps.
GP Inside : Que représente cette nouvelle victoire aux 24h du Mans ?
Gregg Black : « C’est vraiment exceptionnel, car cette victoire confirme notre niveau de performance après celle de l’an passé et notre titre de champion du monde. Il peut arriver de gagner une course par chance ou sur des faits de course, mais quand on gagne plusieurs fois d’affilée des épreuves de 24 heures comme Le Mans ou le Bol d’or, c’est bien la preuve de la force de l’équipe qui sait s’adapter aux conditions, aux circuits et aux aléas de courses aussi difficiles. Cette victoire se savoure d’autant plus que la concurrence est vraiment relevée cette année. Il faut donc que les pilotes soient performants et fiables, mais aussi que l’équipe ne fasse aucune faute, c’est un ensemble d’ingrédients qui demande une grande rigueur. »
« Nous avions un peu moins de pression que l’an passé car nous connaissions notre valeur et que nous travaillons ensemble depuis plus d’un an, il y a une excellente cohésion dans l’équipe. Je pense que la pression était plus sur nos adversaires qui devaient essayer de nous battre. Notre objectif pour ces 24h du Mans était de marquer de gros points et d’être sur le podium, et finalement, en prime, on a réussi à gagner, donc c’est génial. Nous étions franchement heureux mais dimanche soir, après un bon dîner ensemble, on était couchés à 22h30, morts de fatigue ! Il faut compter une bonne semaine pour récupérer complètement d’une course aussi fatigante. »
Comment as-tu vécu ces 24 heures de course ?
G.B : « J’ai pris le départ car c’est un exercice que je connais bien et que j’apprécie. Mais j’étais tombé pendant les essais pré-Mans quelques jours plus tôt et je souffrais d’une fracture du talon, donc ce n’était pas simple de courir jusqu’à la moto. Heureusement, la concentration et l’adrénaline m’ont fait oublier la douleur et j’ai pu prendre un bon départ. Ensuite, le déroulement de la course a été assez intense car nos adversaires n’étaient jamais loin derrière et il fallait impérativement garder un bon rythme pour conserver le petit écart que nous avions en tête. Pas un moment nous n’avons pu nous relâcher un peu, mais d’un autre côté, c’est ce qui rend le pilotage intéressant. Paradoxalement, je préfère les relais où il faut attaquer, c’est là où je prends le plus de plaisir sur la moto. Nous avions la réputation de gagner grâce à notre régularité et à notre efficacité dans les stands, mais je pense que nous avons aussi prouvé cette fois que nous étions très rapides en piste. La preuve, la moto du YART n’a jamais réussi à combler le tour de retard qu’elle avait sur nous alors que ses pilotes sont très performants. »
« Mon relais le plus plaisant a été celui de dimanche vers 7h du matin, où nous avions à peine moins d’un tour d’avance et que nous nous sommes retrouvés avec Marvin Fritz (YART) et Mike Di Meglio (F.C.C TSR Honda) à un rythme bien soutenu pendant 45 minutes, où nous nous sommes doublés à plusieurs reprises. C’était vraiment sympa et je pense que c’est le moment où le YART a compris qu’il serait impossible de nous rattraper à la régulière, et qu’il valait mieux assurer les points de la deuxième place. L’arrivée et la victoire étaient un réel soulagement et une joie intense, mais on est tellement fatigués à ce moment-là qu’on a du mal à l’exprimer comme on le voudrait. »
Prochaine épreuve à Spa-Francorchamps, sur un circuit que tu ne connais pas…
G.B : « Jusqu’à présent nous n’avions que deux courses de 24 heures dans la saison, Le Mans et le Bol d’or. On avait donc largement le temps de récupérer et de se préparer physiquement et mentalement. Cette année, avec le retour de Spa début juin, nous n’avons qu’un peu plus d’un mois, donc ça va être difficile pour tout le monde. D’autant que peu de pilotes connaissent cette piste puisque la dernière épreuve de 24h a eu lieu en 2003. Malgré tout, je pense que nous avons un avantage avec Xavier Simeon à nos côtés puisqu’il est Belge, donc nous aurons forcément le soutien du public. Et puis il va pouvoir nous aider sur les bonnes trajectoires et les meilleurs endroits pour dépasser. J’ai vraiment hâte d’y être parce que c’est un circuit mythique, avec une piste qui favorise les attaquants et où il faut avoir un gros cœur, avec des virages très rapides. Je pense qu’on va se régaler. Je pense aussi qu’il y aura beaucoup de spectateurs pour le retour de l’endurance en Belgique, et j’espère que nos fans français feront le déplacement pour venir nous soutenir ! »