Recruté l’hiver dernier par l’équipe officielle BMW, Jérémy Guarnoni, champion du monde d’endurance en 2019, nourrit des espoirs légitimes pour cette saison. Après la première épreuve au Mans qui s’est soldée par un abandon, il reporte ses ambitions sur la prochaine course à Spa, début juin.GP Inside : Comment s’est fait ton transfert chez BMW l’hiver dernier ?
Jérémy Guarnoni : « J’ai commencé à parler avec BMW au moment du dernier Bol d’or et la proposition était franchement intéressante. Sur un plan financier d’abord, puisque je suis pilote professionnel, et surtout sur le projet sportif et les investissements prévus, avec une grosse motivation et des moyens pour gagner. BMW cherchait un pilote avec de l’expérience en endurance et qui avait déjà gagné des courses de 24h, ce qui est mon cas puisque j’ai même déjà été champion du monde ! »
« C’est aussi un moment où j’avais envie de renouveau après avoir toujours roulé avec Kawasaki, un peu comme quelqu’un qui a envie de changer de fiancée. Et là, celle-ci était vraiment séduisante ! En fait BMW est le seul vrai team 100 % officiel directement soutenu par l’usine. D’ailleurs j’ai signé mon contrat avec l’usine et pas avec le team, c’est bien la preuve de l’implication totale de BMW. »
Et que penses-tu de cette moto, la S1000RR ?
J.G : « c’est une excellente moto pour l’endurance, qui délivre une puissance impressionnante et, malgré ce qui s’est passé au Mans, elle est très fiable. Nous avons fait plus de 4 500 kilomètres d’essais pendant l’hiver avec le même moteur, sans rencontrer le moindre problème mécanique. L’électronique est de très haut niveau, le moteur est facile à exploiter, la moto est très agréable à piloter… Je m’éclate ! »
« On peut encore progresser un peu pour optimiser les sorties des virages. C’est le même problème en Superbike mais on va améliorer ce point, je n’en doute pas. L’autre gros avantage de cette moto, c’est la consommation d’essence ;elle est moins gourmande que les autres marques et en endurance, c’est primordial. Objectivement, nous disposons de tous les éléments pour gagner une course de 24 heures. Mes coéquipiers, Reiterberger et Mykhalchyk, sont très rapides, l’équipe est hyper professionnelle, il faut juste que la réussite soit un peu de notre côté ! »
Quel était l’objectif aux 24h du Mans ?
J.G : « Nous visions le podium et notre rythme de course montrait que cet objectif était réaliste. Malheureusement, en fin de journée et alors que nous étions avec les meilleurs, une projection, probablement un petit caillou, a percé un conduit d’eau du radiateur et, comme le trou était tout petit, la fuite était indécelable, la température montait un peu mais je ne m’alarmais pas. Si la fuite avait été franche, je l’aurais vue et je serais rentré aux stands, mais là j’ai dû faire trois ou quatre tours et pendant ce temps, le moteur n’a pas apprécié de fonctionner sans eau et a fini par casser d’un coup. »
« C’est vraiment rageant parce qu’on savait qu’on serait plus rapides la nuit et on devait combler notre trentaine de secondes de retard à ce moment, mais c’est l’endurance et son lot d’aléas, et ça ne fait que démultiplier nos ambitions pour la prochaine épreuve. »
Justement comment vois-tu le retour de l’endurance à Spa ?
J.G : « Je suis très excité à l’idée de rouler là-bas, c’est un circuit mythique qui fait partie des grands monuments de l’histoire de la course ! C’est aussi génial pour le public car la position géographique du circuit est stratégique pour les Allemands, les Hollandais, les Français et bien sûr les Belges. Je n’ai jamais roulé à Spa donc j’ai hâte d’aller y faire des essais, d’ailleurs j’y vais bientôt à titre personnel, et on aura les essais pré-Spa mi-mai. »
« Pour avoir parlé avec quelques pilotes qui connaissent cette piste, ils sont unanimes et disent que c’est probablement le plus beau circuit du monde, donc il me tarde vraiment d’y aller. En plus, la structure de notre équipe est basée en Belgique puisque notre team-manager est belge. Ce sera un peu une course à domicile pour nous, même si j’espère que de nombreux français viendront nous encourager. En tout cas, on y va pour gagner et je pense sincèrement qu’on peut le faire ! »