La construction de la victoire d’Enea Bastianini au Grand Prix du Qatar est un exemple à montrer à tous les jeunes pilotes. Pourquoi ? La rédaction a analysé tout ça. Voici comment Bestia a mené à bien ses 42 minutes d’effort pour devenir le premier vainqueur de la saison 2022. ✪ Contenu Premium
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« Je n’avais pas de plan car je n’étais jamais parti depuis la première ligne en MotoGP », a expliqué Enea Bastianini après sa victoire au Grand Prix du Qatar. Son succès à Losail, dimanche, a pourtant tout de la mise en application parfaite d’une stratégie relativement classique, et ô combien efficace. Elle comprend de bons choix, une bonne gestion de course, et aucun doute ni erreur dans son déroulé.
Par « bons choix », on parle surtout de pneumatiques. « C’est la clé en MotoGP », a rappelé le nouveau leader du championnat du monde après l’arrivée. Lui est parti avec un soft à l’avant et – important – un medium à l’arrière, pour avoir plus de ressources dans les derniers tours. Pol Espargaro était lui chaussé lui d’un soft à l’avant et à l’arrière. Une différence qui s’est avérée déterminante : alors que les pneus de l’Espagnol s’usaient en deuxième partie de course, l’Italien s’est mis à augmenter la cadence pour le rattraper puis l’effacer.
Parti deuxième, Enea Bastianini n’a pas pris un envol extraordinaire, mais suffisant pour se glisser dans le bon groupe. Sa cinquième place est idéale : il peut rester au contact des leaders, ne jamais être à plus d’une seconde du premier, tout en suivant et s’économisant.
Joan Mir est le premier du wagon de tête à lâcher prise, mais le pilote Ducati ne se laisse pas retenir derrière la Suzuki. Il la double au 6e tour, puis s’attaque dans la foulée à Marc Marquez pour passer troisième. Seuls Brad Binder et Pol Espargaro le séparent alors de la tant convoitée première place, mais il n’a pas prévu de s’y précipiter. L’heure n’est pas encore venue.
Les kilomètres passent, et Pol Espargaro commence à rouler un peu plus vite. Enea Bastianini dépasse Brad Binder au 13e tour, puis doit trouver son rythme – c’est la première fois de la course qu’il n’a personne tout près devant lui. Tout cela permet au leader espagnol de le devancer de 1,190 seconde à la moitié du 15e tour. Ce sera l’écart maximal.
La Bestia est lancée et hausse le ton : 1’54.6, 1’54.5 puis un impressionnant 1’54.338 au 17e tour, qui devient le nouveau record du tour en course. Au même moment, Pol Espargaro donne lui du 1’54.8, après avoir longtemps tourné entre 1’54.5 et 1’54.7. Les pneumatiques commencent à être bien attaqués, et le medium arrière de l’Italien se porte mieux que le soft de l’Espagnol.
En moins de 4 tours, le pilote Gresini comble sa seconde de retard et prend les commandes dans la ligne droite des stands, juste avant de boucler le 18e tour. Pol Espargaro écarte dans le virage qui suit, et le nouveau numéro 2 de la course devient Brad Binder.
Le pilote KTM grapille, mais Bestia est passée en mode gestion (« J’essayais de ne pas prendre trop de risques »). Avec 1,5 seconde d’avance, il peut se le permettre. Il lâche 147 millièmes au tour 19, 85 millièmes au tour 20, 86 millièmes au tour 21… et termine le 22e en vainqueur, 346 millièmes avant Brad Binder.
Ainsi peut être résumée la course d’Enea Bastianini : le bon choix de pneumatiques, un départ dans le groupe de tête, quatre tours en 1’54.9 pour se mettre en position sans détruire ses gommes, un long run de 13 tours compris entre 1’54.3 et 1’54.7 – parmi lesquels 5 où il produit son effort pour aller chercher Pol Espargaro –, et une fin de parcours en 1’55 pour rallier l’arrivée en premier sans se mettre à terre.
Une partition classique et efficace, maîtrisée de bout à bout, qui mettent le numéro 23 sur le premier trône de l’année. Amplement mérité.
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