Le championnat du monde MotoGP 2022 approche de sa mi-saison. Le Grand Prix d’Italie, disputé le week-end dernier, était le huitième des vingt au calendrier. Le panorama a mis du temps à s’éclaircir, mais la lutte pour le titre a désormais de clairs protagonistes.
Ils sont favoris :
Tenant du titre, Fabio Quartararo fait partie des favoris à sa propre succession. Le Français a pris la tête du classement général à Portimao, le 24 avril, et n’en a pas été délogé trois courses plus tard. Ses difficultés avec la Yamaha sont apparentes, notamment dans les longues lignes droites, mais il est le pilote qui combine le mieux vitesse et régularité.
El Diablo sait en effet être rapide sur les circuits où il peut tirer profit de ses avantages (victoire à Portimao, deuxième place à Mandalika et Jerez…), tout en limitant les dégâts là où il a plus de mal. Il est le seul des vingt-quatre pilotes à avoir terminé tous les Grands Prix dans le top-10 (moins bon résultat : neuvième à Losail).
Dauphin surprise du champion du monde sortant, Aleix Espargaro se considère comme un candidat au titre, et il a bien raison. L’Espagnol est dans le meilleur moment de sa carrière et enchaîne les podiums : cinq depuis le début de l’année (personne n’a fait mieux), avec une série en cours de quatre de suite (une première en MotoGP depuis Marc Marquez en 2019). Il arrive à être compétitif sur pratiquement tous les types de circuits, et il n’y a pas de raison à ce que son rendement baisse dans les prochaines semaines.
Là-encore, la régularité fait sa force : il est, avec Fabio Quartararo, le seul à avoir fini les huit premières courses dans les points, avec une onzième place à Austin pour moins bon résultat. Cela le positionne à seulement 8 longueurs de la tête du championnat. Un écart qu’il espère réduire à domicile, en Catalogne, ce week-end.
Troisième larron, Enea Bastianini semble en mesure de disputer la couronne à ces deux hommes. Équipé d’une Ducati Desmosedici GP21 parfaitement réglée, il a su s’imposer avec autorité à Losail, Austin et au Mans. Et était parti pour remonter jusqu’au podium au Mugello, avant qu’une chute ne mette fin à son Grand Prix national.
Si Bestia veut succéder à Fabio Quartararo, il lui faut corriger ce qui lui fait défaut : l’absence d’entre-deux. Presque imbattable dans ses grands jours, il est en retrait quand ça va moins bien. Contrairement au Français, il ne parvient pas à assurer une quatrième ou cinquième place lorsque gagner n’est pas possible. Hormis ses victoires, son meilleur résultat est une huitième place à Jerez. Et ses deux chutes le relèguent à 28 points de la première place.
Tenu à l’écart des premières positions lors des premières épreuves, Francesco Bagnaia a remis les pendules à l’heure. Le pilote Ducati a attendu la sixième course pour monter sur le podium, mais il s’est depuis imposé à Jerez et au Mugello, et tenait un podium au Mans avant de chuter. Sa vitesse, indubitable, en fait un légitime candidat au titre. Au moins en termes de potentiel.
Deux problèmes se posent au vice-champion du monde. Le premier : ses 41 points de retard sur Fabio Quartararo. Il y en a encore 300 à prendre, donc il lui reste du temps. Le second, et plus important : ses erreurs. L’Italien a chuté à Losail puis au Mans, et doit apprendre à gérer les situations où il n’est pas au mieux. D’autant plus que de son côté, à la lutte pour le titre se jouxte celle de meilleur pilote Ducati face à Enea Bastianini. « Il est temps d’être plus mature », admettait-il après sa faute en France. Sans ses chutes, sa distance sur le leader du classement serait divisée par deux.
Ils toquent au top-5 :
Avec deux podiums et 50 % d’arrivées dans le top-5, Johann Zarco occupe une cinquième place logique et méritée au championnat. Comme l’an dernier, le pilote Pramac est dans le coup et se montre régulièrement devant. Il lui manque cependant un léger cap à passer en termes de vitesse – le « petit quelque chose en plus pour gagner en aisance » dont il parle souvent – pour se mêler à la lutte avec les meilleurs.
Parti pour se battre pour le titre, Alex Rins a perdu gros en tombant au Mans puis au Mugello, après avoir terminé dix-neuvième à Jerez suite à un tout-droit. Co-leader du championnat après la course de Portimao, en avril, il se retrouve à 53 points de Fabio Quartararo. On ne peut l’écarter de la liste des candidats au trône, mais il doit pour cela retrouver la régularité qui caractérisait son début de saison.
Derrière, Brad Binder et sa KTM sont fréquemment dans le top-10, mais ne se sont battus pour la gagner qu’une fois depuis le début de la saison. Jack Miller est aussi souvent dans le groupe des leaders, mais pêche en deuxième partie de Grand Prix en comparaison aux Ducatistes Francesco Bagnaia et Enea Bastianini. Comme son coéquipier Alex Rins, Joan Mir était bien parti, mais deux chutes successives le repoussent à 66 points de la première place. Un écart d’autant plus difficile à combler que pour y parvenir, il va falloir gagner, ce que le pilote Suzuki n’a plus fait depuis novembre 2020.