Pocket-bike dès son plus jeune âge, vice-champion d’Europe de vitesse en 1993 puis GP 500 à l’époque de Mick Doohan, Marc Garcia a gravi les échelons de la compétition jusqu’au plus haut niveau mondial, avec peu de moyens mais beaucoup de passion. Désormais, après diverses expériences dans la moto, il transmet les clés du pilotage à ceux qui veulent progresser sur circuit.
GP Inside : Qu’as-tu fait après ta carrière de pilote à la fin des années 90 ?
Marc Garcia : « C’est toujours une décision difficile d’arrêter la compétition quand tu y as tout consacré pendant des années, c’est une forme de renoncement douloureux. Mais il fallait se rendre à l’évidence, je n’avais plus les moyens financiers pour continuer et quand mes parents ont proposé de vendre leur maison pour payer ma saison alors qu’ils avaient déjà fait tant de sacrifices pour mon frère et moi, j’ai compris qu’il était temps de passer à autre chose. J’ai commencé à travailler avec Franck Fazio, qui venait de récupérer la distribution des casques Vemar en France. Comme dans tout ce que je fais, je me suis impliqué à fond dans cette nouvelle aventure. Il fallait développer la gamme en collaboration avec la maison-mère en Italie, s’occuper du design, du réseau de vente, de la communication, des contrats avec les pilotes… Je me régalais dans ce rôle qui me permettait de rester au contact de ma passion et ça marchait bien. Nous avons même été deux fois champions du monde de cross avec Frédéric Bolley ! »
« ,Puis, après quelques années, Franck et moi avons eu l’idée d’inventer une marque de gants adaptés à chaque discipline et FIVE est né. Là-encore, c’était une expérience formidable, compliquée parce qu’on partait d’une feuille blanche, mais passionnante à réaliser. Dans le même temps, je me suis associé avec mon frère, Bernard, dont j’ai toujours été très proche, pour créer 4G, une école de pilotage, à un moment où les gens ont compris que pour rouler vite, il fallait aller sur un circuit. »
« C’était une période vraiment dense mais très enrichissante où je touchais plein de secteurs différents, où il fallait décider, trancher, organiser, négocier. C’était génial mais franchement usant et au bout de quelques années, j’étais rincé et j’ai tout plaqué. Je suis parti m’installer quelques mois en Andorre pour me ressourcer et me demander ce que j’avais envie de faire. Et là, j’ai réalisé que ce qui me plaisait, c’était de transmettre ma passion et mon savoir-faire, mon expérience du pilotage en faisant du cas par cas. Alors je suis revenu en France pour créer MG Roadcoaching. »
En quoi consiste cette nouvelle activité ?
M.G : « C’est du coaching personnalisé sur circuit où je m’occupe exclusivement de deux ou trois clients toute la journée. Tout le monde peut rouler sur un circuit, mais pour rouler vite et bien, c’est une autre histoire et, comme dans toutes disciplines, il y a des règles, des principes et des astuces. C’est comme si tu décides de te mettre au surf et que tu débarques à Biarritz avec ta planche sous le bras. Si tu te jettes dans la première vague venue, tu risques de te faire des frayeurs ! »
« Sur un circuit, il faut d’abord comprendre le pilotage, savoir où on gagne du temps et puis surtout, il faut rouler en sécurité, sans risquer la chute à chaque virage. Beaucoup de gens viennent au circuit et je m’en réjouis mais beaucoup font n’importe quoi ! Moi, je veux d’abord que mes clients, ou plutôt mes élèves, roulent en confiance, en maitrisant ce qu’ils font. Je les suis ou les précède sur la piste, j’échange avec eux avec des micros pendant qu’ils roulent, je les corrige en temps réel, je les filme pour analyser chaque séance, c’est vraiment un coaching privatif. J’instaure ainsi une relation privilégiée qui dépasse largement la simple journée de roulage puisqu’ils m’appellent régulièrement pour me demander des conseils ou m’envoient leurs amis. Et je suis heureux quand mes clients le sont aussi ! »
As-tu vu le dernier Grand Prix à Barcelone ?
M.G : « Je ne rate jamais un Grand Prix, et si je ne peux pas le voir en direct, je le regarde en replay, ainsi que chaque séance d’essais et même le warm up. Je veux tout voir, et aujourd’hui c’est possible grâce à Canal+ qui fait du super boulot. Je dois dire que j’adore cette saison 2022, d’abord pour l’ambiance générale entre les pilotes. Ils se battent comme des chiffonniers sur la piste mais avec un respect et une considération qui se voient quand ils descendent de leur moto. Ce sont de magnifiques champions qui donnent une très belle image de notre sport. »
« Évidemment, je me suis régalé pendant ce Grand Prix avec cette démonstration de Fabio Quartararo, qui n’en finit pas de m’impressionner et qui fait preuve d’une incroyable maturité. Tout le monde pensait, lui le premier, qu’il allait souffrir à Barcelone, et finalement il atomise la concurrence en alignant des chronos d’une régularité de métronome. Quelle classe ! Je suis aussi heureux pour Johann Zarco qui monte encore sur le podium et qui prouve qu’il fait partie des meilleurs. Il mérite vraiment de gagner. Les gens ne se doutent pas de tout ce qu’il faut réunir pour arriver à ce niveau, c’est tellement difficile ! »