Alors que ceux qui annoncent depuis jeudi que Marc Marquez rejoindra Gresini Racing en 2024 insistent que l’accord est en route, l’Espagnol joue avec la rumeur et n’éteint pas l’incendie, tout en veillant à ne pas non plus le propager outre mesure. Le paddock est dans l’attente d’un signe qui révélerait le vrai du faux, de ce qui pourrait être le transfert de la décennie en MotoGP.
Marc Marquez est le principal sujet de conversation dans le paddock du Grand Prix de Saint-Marin. Dès jeudi, le média allemand Speedweek, qui appartient à Red Bull, sponsor personnel de l’Espagnol, a annoncé qu’il quitterait Honda pour rejoindre l’équipe Gresini Racing en 2024. Nos confrères espagnols d’As ont eux avancé que l’accord n’était pas encore conclu, mais que c’était tout comme. Dès lors, les discussions n’ont cessé de tourner autour de ce dossier. Où en est-on depuis, à la veille de la course MotoGP de Misano ?
Un choix motivé par… :
La rupture de contrat de Marquez correspondrait à une situation jugée désespérante par le principal intéressé au guidon de la Honda RC213V, avec laquelle il ne parvient plus à performer. L’octuple champion du monde n’a plus gagné depuis octobre 2021, et a chuté presque à chaque fois qu’il a forcé cette année. Il est depuis rentré dans le rang, ne tombe plus depuis quelques semaines… mais ne rentre pas non plus dans le top-10 (12e à Spielberg, 13e à Barcelone).
Loin de ses objectifs et de son potentiel, le n°93 aurait décidé de quitter le HRC, ne croyant pas en l’apport de solutions pour 2024, afin de grimper sur la Ducati Desmosedici GP23. La moto italienne domine actuellement le championnat avec Francesco Bagnaia (leader) et Jorge Martin (dauphin). Il aurait ainsi la machine qui est présentée comme étant la meilleure arme pour se battre devant. Et, à bientôt 31 ans, pourrait redevenir compétitif, lui dont le dernier titre mondial remonte à 2019.
Marquez ne peut rejoindre le Ducati Lenovo Team ou Prima Pramac Racing, les contrats étant gérés par l’usine Ducati, qui ne veut pas spécialement de lui. Il ne fait pas partie de la « stratégie » déployé par la marque, assument les dirigeants italiens. En revanche, Gresini Racing prend ses propres décisions. Son frère Alex, arrivé en 2022 après une période difficile chez Honda, et monté sur le podium dès son deuxième Grand Prix avec la Desmosedici, l’y attend. Le duo du Repsol Honda Team 2020 serait ainsi reformé.
Ce qui pose problème :
En quittant Honda un an plus tôt, Marquez serait contraint à casser un contrat qui le lie à la marque japonaise jusqu’à fin 2024. Cela est faisable mais se paie généralement cher. La rémunération annuelle de l’Espagnol étant estimée à plus de 15 millions d’euros (fourchette basse), on peut imaginer que la dette dont il devrait s’acquitter serait conséquente. Il renoncerait également au plus haut salaire de l’histoire du MotoGP, car il est peu probable qu’il gagne ne serait-ce que la moitié chez Gresini Racing.
Speedweek avance cependant qu’une clause dans son contrat lui permettrait de partir gratuitement s’il rejoint une équipe satellite, ce qui serait ici le cas. En outre, plusieurs de ses sponsors personnels, dont Red Bull et Estrella Galicia, le suivraient dans l’aventure, ce qui lui permettrait de percevoir une certaine rémunération malgré tout.
Comment réagit-il :
Sans cesse questionné sur le sujet ce week-end, Marquez répète à qui veut l’entendre : « J’ai un contrat avec Honda pour 2024. » Il n’a cependant jamais dit : « Je serai pilote Honda en 2024 », ce que certains voient comme le signe d’un divorce à venir. Car au plus haut niveau du sport moto, les contrats se font mais se défont aussi. Alex Rins et Jonathan Rea viennent d’en donner l’exemple parfait ces dernières semaines, chacun « cassant » son engagement auprès de Honda et Kawasaki pour rejoindre Yamaha en 2024.
Le team-manager du HRC, Alberto Puig, est sur la même longueur d’onde que son pilote : il y a un contrat pour l’année prochaine donc il n’y a pas à s’inquiéter, affirme-t-il. Certains signes trahissent néanmoins une dose d’agacement. Le directeur sportif de Ducati Corse, Paolo Ciabatti, a lui fait savoir qu’il n’y avait certainement pas de fumée sans feu (« Si tout le monde dit quelque chose dans le paddock, c’est qu’il y a une part de vérité »).
Et maintenant :
Ce samedi, et face à ceux qui estiment qu’il s’agit d’une farce orchestrée par Marquez et son management, Speedweek a répété et maintenu qu’il porterait la tunique Gresini Racing en 2024. Pendant ce temps, l’Espagnol continue à se jouer de la rumeur, tout en essayant de rester concentré sur son Grand Prix. Il a terminé dixième du sprint et essaiera d’enregistrer son premier top-10 de l’année ce dimanche. Lundi sera essayée la première version de la Honda RC213V de 2024. La clé de l’affaire est peut-être là, dans ce que le n°93 ressentira au guidon de cette nouvelle machine. Même s’il a glissé jeudi, souriant, à la télévision espagnole DAZN : « Tout le monde dit que le test décidera de mon avenir… Et si j’avais déjà décidé ? »