Olivier Jacque : « J’ai totalement coupé avec le monde de la moto mais ma passion reste intacte »
Son célèbre numéro 19 nous a fait vibrer pendant plusieurs saisons, jusqu’à son titre de champion du monde 250cc en 2000. Désormais, Olivier Jacque vit à Barcelone et, contrairement à de nombreux anciens pilotes, n’a plus aucun lien avec la moto. C’est son choix et il nous en donne les raisons.
GP Inside : Que fais-tu depuis la fin de ta carrière de pilote, en 2009 ?
Olivier Jacque : « Je consacre la majorité de mon temps à ma famille et notamment à mes deux fils, Bruno et Marc, qui ont 15 et 12 ans. Je fais aussi beaucoup de sports nautiques, du kitesurf et plus récemment du wingfoil, que j’ai découverts après la moto et où je retrouve des sensations de vitesse, de trajectoire et d’adrénaline que j’avais sur une moto. Ces activités extrêmes m’ont permis de faire plus facilement le deuil de ma carrière de pilote où j’ai connu tant d’émotions. »
« La gestion de l’après-carrière n’est vraiment pas simple psychologiquement. Quand tu vis pendant des années avec une implication totale dans ton sport, c’est difficile de trouver quelque chose d’aussi fort et ces disciplines nautiques m’ont beaucoup aidé, surtout que je sors souvent quand la mer bouge beaucoup ! C’est aussi le moment où mes fils sont arrivés et je m’y suis consacré naturellement et avec beaucoup de bonheur. Maintenant je joue au tennis avec eux, nous partageons plein de bons moments et c’est ce qui me rend heureux. Je m’occupe également de mes affaires dans l’immobilier car, avec ma femme, nous avions acheté des appartements à Barcelone. Bref, je ne m’ennuie jamais et j’ai la chance de pouvoir avoir cette vie. »
Est-ce que la moto te manque ?
O.J : Pas du tout ! J’adore regarder les Grand Prix, je n’en rate aucun mais je ne suis plus retourné sur un circuit depuis bien longtemps. Je suis vraiment passé à autre chose et j’aime l’idée, à bientôt 50 ans, de pouvoir avoir d’autres activités, d’avoir d’autres centres d’intérêt. J’ai conscience d’avoir été un privilégié, je suis parti de ma campagne alors que j’étais à peine majeur et j’ai connu une vie au plus haut niveau mondial où j’ai pu vivre de ma passion, c’est une chance incroyable ! Regarde, j’ai été champion du monde pour 14 millièmes de secondes et ça a changé ma vie, tu vois que ça tient à pas grand chose quand même ! Et puis, au delà des blessures, c’est une vie usante où tu passes ton temps dans les aéroports, les avions, les hôtels, tu es toujours en vadrouille et je voulais une vie plus sédentaire, j’avais besoin de me poser. »
« Je garde en mémoire tous les magnifiques moments vécus, je n’ai aucun regret, mais j’ai choisi de tourner la page et de me consacrer à d’autres activités avec la même passion, mais sans la compétition. D’ailleurs je me réjouis que mes garçons ne soient pas tentés par la moto, j’aurais été mal placé pour les en dissuader mais ils préfèrent le tennis et ça me va très bien, c’est bien moins dangereux ! »
Que penses-tu de cette saison de MotoGP ?
O.J : « Je suis impressionné quand je regarde les courses et je me dis que je serais incapable de faire la même chose, ça va tellement vite ! Aujourd’hui il y a une bonne dizaine de pilotes qui peuvent prétendre à la victoire, alors qu’à mon époque ça se jouait entre deux ou trois qui avaient les meilleures motos. L’autre différence, c’est le niveau de performance des constructeurs européens, qui mettent à mal des décennies de supériorité des japonais. Ducati, Aprilia ou KTM sont désormais les premiers à sortir des nouveautés, à faire évoluer la technique, ils bousculent la suprématie des Japonais et les obligent à se défendre. »
« Je suis aussi heureux de voir que les pilotes français jouent les premiers rôles. Zarco, qui a quand même été deux fois champion du monde en Moto2 et qui est parmi les meilleurs en MotoGP, et bien sûr Fabio Quartararo qui est devenu le champion du monde qu’on attendait tant. C’est génial pour la moto en France car c’est un sport qui mérite une meilleure notoriété. Je suis confiant sur la capacité de Fabio à conserver son titre, il a une bonne avance et il est solide. S’il reste bien concentré sans s’emballer, qu’il garde son rythme et ça va payer. »
✪ GP-Inside vous est utile ? Donnez-nous la chance de continuer à l’être en devenant Premium ! Soutenez notre travail, Gagnez nos concours, Accédez à tout notre contenu, Aidez-nous à nous passer de publicité et Renforcez notre indépendance : Devenir Premium