Les blessures, le retour, la nouvelle Honda, Valentino Rossi… Marc Marquez a donné un long entretien à différents médias espagnols, parmi lesquels As, en marge de l’avant-première de la série MotoGP Unlimited. GP-Inside n’était pas à Madrid, mais s’est chargé de synthétiser et vous traduire les déclarations les plus importantes de l’octuple champion du monde. C’est cadeau.
Le bout du tunnel s’approche : « On peut dire que Marc est en train de revenir. Je serai vraiment de retour quand le niveau en piste sera celui d’avant. J’étais dans les nuages jusqu’en 2019, et j’ai ensuite vu l’autre face de la pièce, les blessures. Tu en as une première, tu t’en sors, tu en as une deuxième… Et là, il semble que la lumière au bout du tunnel brille un peu plus. »
La diplopie de cet hiver, un calvaire : « La vision double est bien pire qu’une blessure osseuse ou que la douleur. Pour une blessure au bras, tu as un programme et tu vois que tu progresses, ils te disent toujours que cela guérira avec du temps. Mais avec la vision double, quand tu voir le Docteur Bernat Sanchez, il te présente trois scénarios et te dit : ‘Nous allons attendre trois mois. Si ça ne guérit pas, il y a une opération et ce seront trois mois de plus. Et si avec cette opération ça ne va pas, alors peut-être que tu n’auras plus la vue pour faire de la moto ou avoir une vie normale.’ Quand tu vois double et que tu ne peux pas avoir une vie normale, le sport passe au second plan. »
« Quand le docteur te dit ça, à un moment tu pleures tout seul dans ta chambre, car tu sais ce qui t’attend, ce qui peut arriver. Tu peux être très optimiste et avoir envie de faire de la moto, mais tu es réaliste. C’est embêtant de ne pouvoir avoir une vie normal et avoir ce doute. Le même docteur dit que c’est un miracle qu’en deux mois et demi, la vue se soit guérie et que je n’ai aucune séquelle. »
Se réinventer : « Mon intention n’est pas d’être le même Marquez, mais une évolution. Peut-être que je ne pourrais pas être le même Marquez, ou peut-être que si, mais c’est une évolution. Et mon objectif, peu importe comment, en pédalant ou en nageant, est de me battre pour le titre. Même si ça doit être avec des pédales, je veux me battre pour un titre. C’est mon intention et j’y travaille en faisant de grands changements dans ma vie, pour essayer de me battre pour en 2022. Peut-être ne commencerais-je pas dans ma meilleure forme en 2022, mais l’année est longue. »
Pas de blocage malgré les blessures : « Si j’avais peur je ne serais pas en train de penser à me battre pour un titre, ni même à faire de la course. Si tu as peur ou que tu doutes et que tu penses la chute, descends et laisse ta place à un autre. »
La nouvelle Honda RC213V et l’adaptation qu’elle lui demande : « Elle est très différente. C’est le plus grand changement qui se soit produit depuis que je suis chez Honda, et j’y suis depuis dix ans. Chez une marque comme Honda, quand tu gagnes, bien que la moto soit critique c’est difficile de faire de grands changements. Comme jusqu’en 2019 on gagnait, ils ne faisaient pas de grands changements sur la moto. Mais ces deux dernières années, je n’ai pratiquement pas été dans l’équipe et il y a eu un manque de résultats. Cela a provoqué que Honda fasse un grand changement pour trouver des solutions. »
« C’est une moto qui, d’entrée, ne s’adapte pas de manière naturelle à mon style. J’ai besoin d’autres choses. J’ai besoin de beaucoup sentir le train avant et c’est une moto qui se pilote plus avec l’arrière. Aux premiers essais je n’ai rien touché et j’ai essayé de comprendre la moto. Aux seconds j’ai commencé à la mettre à mon goût, à ce dont j’ai besoin pour être rapide. La moto parfaite n’existe pas, tu dois t’y adapter et l’équipe doit t’aider à en tirer des bénéfices. »
Honda doit lui signer un coéquipier pour 2023 : « Honda doit choisir le plus fort. Je n’ai jamais donné mon avis sur mon coéquipier, ni posé un veto, ni une obligation. Quand Pedrosa est parti, est arrivé Lorenzo, qui devait être un coéquipier difficile, mais les choses ne se sont pas bien passées pour lui. Ensuite ils ont cru que Pol (Espargaro) aurait le niveau, et je crois que cette année il sera un candidat au titre, au regard de sa pré-saison. On verra. Cela ne dépend pas de moi. J’ai trois ans de contrat de plus et mon objectif est de battre mon coéquipier, peu importe qui ce sera. »
La retraite de Valentino Rossi : « Je ne m’entends pas bien avec Valentino, mais je n’ai pas de problème à reconnaître que sans lui, le MotoGP perd une icône importante et un pilote qui attirait beaucoup de public, mais le MotoGP continue. Il y a de nouvelles générations et je suis le premier à devoir me réinventer, pour qu’ils ne me sortent pas de la grille. La vie continue. De grands pilotes se sont retirés, mais c’est sûr que l’impact de Valentino était très grand. Le championnat garde le même intérêt et le même spectacle en piste. Le fan veut voir des dépassements et du spectacle. Il nous manquera sur les premières courses, mais ça continue, et quand s’éteindront les feux du Qatar, les gens regarderont qui va gagner. »