Pas épargné par les chutes pour sa première saison en mondial Superbike l’an dernier, Lucas Mahias profite de l’hiver pour se remettre en forme, retrouver le plaisir du pilotage et trouver les solutions pour se battre avec les meilleurs. Champion du monde d’endurance en 2016, champion du monde Supersport en 2017, le Français a toujours soif de succès.
GP-Inside : Pourquoi avoir prématurément arrêté ta saison en 2021 ?
Lucas Mahias : « Juste avant la moitié du championnat, je suis tombé lourdement lors de la manche des Pays-Bas, à Assen, et je me suis cassé le scaphoïde. Je suis rentré en France pour me faire opérer afin de continuer la saison, mais la consolidation s’est mal déroulée. J’avais toujours des douleurs au poignet et j’étais gêné pour piloter comme je le souhaitais, donc je tombais encore plus ! Il faut reconnaître que ça faisait longtemps que je n’avais pas pris autant de pelles, onze au total. Seul Bautista a fait pire que moi ! »
Et la sagesse t’a conseillé d’arrêter ?
L.M : « (Rires) La sagesse s’appelle Manuel Puccetti (NDR : patron de son équipe) ! Sincèrement, le team est vraiment sympa, ils sont tous passionnés, mais quand tu tombes, tu casses du matériel et l’addition grimpe vite, on atteint des sommes astronomiques ! Surtout, il avait peur que j’aggrave mes blessures et que je compromette mon avenir. Il m’a alors proposé d’arrêter pour mieux préparer 2022. Au début, même si je savais qu’il avait raison, j’avais encore envie de me battre, j’en voulais à la terre entière. Et après quelques semaines, je me suis rendu compte que c’était effectivement la meilleure décision. »
Tu as subi de nouvelles opérations récemment ?
LM : « Oui, mon chirurgien m’a fait une greffe osseuse pour améliorer la consolidation du scaphoïde. D’ailleurs, comme on est devenu copains, je l’ai amené sur une épreuve en fin de saison, et il a compris les contraintes physiques que subissent les pilotes. Ensuite il a fait du très bon boulot, j’ai été immobilisé trois mois et maintenant, il faut remettre la machine en marche ! »
Tu reviens justement de plusieurs séances d’essais à Jerez et Portimao. Es-tu satisfait ?
L.M : « Oui. C’était la première fois que je roulais sur piste après l’opération, mais j’étais confiant car j’avais testé mon poignet en enduro un peu avant et je n’avais aucune douleur. Il me faut simplement faire un peu de rééducation musculaire mais ça devrait vite rentrer dans l’ordre. »
« Je suis vraiment content de ces essais, c’était franchement positif. L’an dernier, je ne comprenais pas pourquoi les autres sortaient plus vite des virages que moi alors que je rentrais collé à eux et que j’accélérais au même moment. En fait, c’est l’électronique qui se déclenchait trop tôt parce que j’ouvrais trop l’accélérateur. Mais je suis reparti de Jerez avec le sourire, j’ai enfin pris du plaisir à piloter ma Kawasaki, le team a bien bossé. On utilise maintenant des suspensions Öhlins, et pour moi ça fonctionne vraiment mieux. Je retrouve des sensations que je connaissais avant, tout est simple, naturel, et j’ai roulé dans des chronos rapides qu’on s’était fixés avec le team, sans la moindre alerte de chute. On va continuer dans ce sens et je t’en dirai plus après les tests de Misano, début mars. »
On sait que tu roules beaucoup à moto, continues-tu à t’entraîner dans plusieurs disciplines ?
L.M : « Je suis convaincu que rouler dans plusieurs disciplines permet d’acquérir des réflexes qui peuvent te sauver la mise dans certaines situations, donc je fais tout ce qui est possible, du cross, de l’enduro, du supermotard, du grass-track… De toute façon, je ne me force pas : la moto est ma passion depuis toujours, donc ce n’est pas une contrainte ! »
Pour finir, j’ai entendu dire que tu rêves de faire les 24h du Mans… auto ?
L.M : « Oui, c’est vrai, ça doit être top ! Tu sais, c’est un peu comme tous les pilotes auto et moto, on aime tout ce qui a un rapport avec la vitesse. Si demain, une équipe me propose d’essayer, j’accepte immédiatement et surtout, je m’applique à le faire correctement ! »