Espargaro critique Michelin, Ducati VS Quartararo... Ce qu'il faut savoir avant la course de Mandalika
Fabio Quartararo au sommet des essais. Francesco Bagnaia qui veut « le bloquer dans les premiers tours », Honda en KO technique avec Michelin… Ce qu’il faut savoir à la veille de la course de Mandalika, théâtre du Grand Prix d’Indonésie.
Imprévisibilité
Comment ne pas débuter cette synthèse post-J2 du Grand Prix d’Indonésie par ce mot : imprévisible. Imprévisible est la course de Mandalika, pour plusieurs raisons. D’abord, un nouveau circuit où personne n’a de référence de course. Ensuite, un nouveau pneumatique Michelin qui n’a pas été utilisé lors du test de pré-saison, et qui a complètement changé la donne aux essais. Pour continuer, une piste sale qui va limiter les possibilités de dépassement, car il y a des risques de chutes si l’on s’écarte de la trajectoire idéale. Enfin, une météo capricieuse et des averses récurrentes en cette saison des pluies.
Un favori : Fabio Quartararo
Deuxième du test de pré-saison, premier au cumul des essais libres, solide en termes de rythme de course durant la FP4, vainqueur autoritaire de la qualification : Fabio Quartararo est l’homme fort du week-end, et affronte la dernière journée de compétition avec l’étiquette de favori. Les tracas du Qatar sont derrière : le Français a renoué avec la performance, sur une piste de Mandalika où les courtes lignes droites et la bonne adhérence lui permettent de bien s’exprimer au guidon de sa Yamaha.
Sa première victoire de la saison lui tend les bras, et elle tient à deux éléments. Le premier : la météo, le champion du monde MotoGP en titre n’étant pas un grand adepte de la pluie. Le second : les premiers kilomètres. S’il parvient à prendre un bon départ et s’installer en tête, Fabio Quartararo sera difficile à suivre – en tout cas sur le papier. D’où le message lancé par son adversaire Francesco Bagnaia : l’arrêter d’entrée de jeu.
Ducati à l’assaut d’El Diablo
« J’ai un bon rythme mais Quartararo est supérieur, donc je pense qu’il sera important de le bloquer dans les premiers tours », a en effet lancé Francesco Bagnaia, sixième sur la grille, ce samedi. Les Ducatistes sont globalement un peu moins rapides que le pilote Yamaha, et doivent donc freiner sa marche en avant au départ pour ne pas le perdre de vue. Ils seront quatre pilotes de la marque sur les deux premières lignes pour le faire : devant Pecco se trouvent Enea Bastianini (5e), Johann Zarco (3e) et Jorge Martin (2e).
Le Martinator estime « être proche » de Fabio Quartararo, et a reconnu que le début de course serait important pour jouer la gagne. Johann Zarco a lui pris soin de travailler ses départs, l’un de ses points faibles depuis quelques temps, et va pouvoir mettre tout ça en application pour être dans le groupe de tête. Les deux pilotes Pramac ont un bon rythme. Vainqueur au Qatar, Bestia est aussi un clair candidat au podium, tout comme Francesco Bagnaia qui ne semble pas avoir montré tout son potentiel depuis vendredi.
KTM en embuscade
Deuxième du Grand Prix du Qatar, Brad Binder est en train de confirmer son pas en avant entre les saisons 2021 et 2022. En terminant quatrième de la Q2 de Mandalika, il a réalisé la meilleure qualification de sa carrière, et la meilleure d’une KTM RC16 depuis juin 2021. Capable de tout dans ses grands jours, et encore plus quand les condition sont délicates, il n’est certainement pas à écarter.
Son coéquipier, Miguel Oliveira n’est pas largué (7e) et semble même retrouver son chemin. Sa présence dans le top-10 est un bon signe, et il a besoin de le confirmer avec un résultat honorable après un abandon sur chute il y a deux semaines.
Le coup manqué d’Aprilia
Aleix Espargaro était en avance de 383 millièmes sur son meilleur temps avant de tomber dans le secteur 3, à la fin de la Q2. Son chrono virtuel le plaçait à la lutte pour la première ligne, avec Jorge Martin et Johann Zarco. Le Catalan a donc de quoi être furieux, car il ne partira que dixième, et ça ne fait pas ses affaires. La RS-GP n’est déjà pas la meilleure moto pour les dépassements, et les conditions de piste délicates ne vont pas l’aider dans son entreprise.
Il reste cependant maître du clan Aprilia, loin devant son coéquipier Maverick Viñales. Seulement vingtième, il dit rester calme et affirme qu’il s’y attendait (« Nous sommes très clairs sur la situation »). Le problème sur lequel il travaille : l’adaptation à la moto, qui demande « une façon de piloter différente de mon style naturel ». Son horizon pour être dans le coup : le Grand Prix d’Espagne, à Jerez, en mai, dans quatre courses en comptant celle de Mandalika.
Les Suzuki pas à la fête
Le Team Suzuki Ecstar est de ceux qui ne vont pas regretter d’en avoir terminé avec leur samedi. La journée a été particulièrement mouvementée, des deux côtés du box. Chez Alex Rins, un souci en FP4 l’a conduit à se jeter de la moto alors qu’elle commençait à prendre feu. Dixième au cumul des essais libres, il ne faisait pas partie des favoris mais a quand même réussi à accrocher une 8e place en Q2. Pas mal, quand on sait qu’il ne s’est qualifié que 6 fois sur 17 dans le top-8 en 2021. Mais pas encore à la hauteur de ses ambitions.
Joan Mir, lui, n’y arrive pas. Coincé en Q1, il n’a pas fait partie des protagonistes de la séance, terminée à terre. Sa 18e place sur la grille équivaut à sa pire qualification de la saison passée. D’où vient le problème ? Il cherche. Visiblement de la nouvelle gomme arrière apportée par Michelin. « Ça allait bien il y a un mois au test de pré-saison. Maintenant, la base de la moto a changé car nous avons un pneu différent. On dirait qu’on n’arrive pas à trouver de bons réglages. Je suis à la limite alors que je ne force pas outre-mesure, Je chute quasiment à chaque virage et je me fais des frayeurs car la moto n’est pas équilibrée. » Et d’ajouter que si ça continue ainsi, il n’arrivera pas au bout du Grand Prix.
Honda, le KO technique
Joan Mir n’est pas le seul à se plaindre des pneus Michelin introduits pour faire face à la chaleur indonésienne. Et dans ce registre, le plus virulent a été Pol Espargaro. Un mois après s’être montré le plus rapide lors du test de pré-saison, il n’a réalisé que le seizième temps. Et accuse le manufacturier français : « Le pneu arrière différent ne fonctionne pas avec notre moto et nous cause beaucoup de difficultés. (….) La moto n’a pas de grip à l’arrière, cela nous force à mettre beaucoup de pression sur l’avant et la gomme se détruit. (…) On va avoir du mal à rallier l’arrivée. (…) On a vu les Ducati souffrir pendant le test, et maintenant elles volent. Ce n’est pas juste. (…) Cette carcasse a résolu le problème chez certains, mais en a créé à d’autres. (…) Michelin a ruiné une moto qui n’est pas faite pour des pneus de 2018. »
Alex Marquez (19e) et Takaaki Nakagami (24e) sont dans la même galère, tout comme Marc Marquez qui a quand même réussi à sauver une quatorzième place sur la grille. Pas ce qu’il souhaitait, d’autant plus qu’il a chuté deux fois durant la Q1. Son plan pour la course ? Se donner à fond sans s’économiser. « En partant d’aussi loin je dois attaquer, doubler, prendre des risques, sans penser à économiser les pneus ou gérer. » Ses adversaires sont prévenus.
Des rookies dans la zone des points
Coup de chapeau, enfin, aux deux débutants les plus performants du samedi. Deuxième de la Q1, Fabio di Giannantonio a accédé à la première Q2 de sa carrière MotoGP, et prendra le départ depuis le onzième rang. Deux de plus que son compatriote Marco Bezzecchi, lui aussi étonnant, et aux portes de la première moitié du classement. L’adaptation des pilotes Ducati est plus facile que celles de chez KTM (Raul Fernandez 21e, Remy Gardner 22e) et de Darryn Binder sur la Yamaha (23e). Les deux italiens espèrent débloquer leur compteur de points ce dimanche.