Paolo Ciabatti (Ducati Corse) se refuse à parler de consigne d’équipe pour favoriser Francesco Bagnaia, mais reconnaît qu’il va être demandé aux autres pilotes de la marque de ne pas prendre « de risques qui ne soient pas nécessaires ».
Est-ce parce que Francesco Bagnaia a clairement (re)pris le leadership des pilotes Ducati au classement du championnat ? Parce que les Rouges sentent que la possibilité de décrocher le titre est de plus en plus grande ? Parce que cela risque de se joue à peu de choses ? Ou encore parce que le presqu’accrochage entre Enea Bastianini et son compatriote italien dans le dernier tour du Grand Prix de Saint-Marin a levé de sérieuses craintes ? La réponse est sans doute contenue dans tous les éléments ci-dessus. Toujours est-il qu’après la course de Misano, la question des consignes d’équipe chez Ducati commence à se poser.
Vainqueur pour la quatrième fois d’affilée dimanche dernier, Francesco Bagnaia est devenu le dauphin de Fabio Quartararo au championnat, revenant à 30 points du leader français alors que 150 restent à distribuer. Chaque unité va compter. Et dans ces circonstances, les autres pilotes de la marque – dominés au classement général – pourraient être invités à rendre la vie facile à Pecco. En étant sur la retenue en bagarre, voire même en le laissant passer.
Commentateur, depuis cette année, pour la chaîne espagnole DAZN, Jorge Lorenzo estimait après le Grand Prix de Saint-Marin que l’heure était venue pour Ducati de « réunir tous les pilotes » pour donner des consignes d’équipe en faveur du numéro 63. « Parce que ce qui compte, c’est le championnat des pilotes, et que Ducati peut le gagner. »
Le directeur sportif de Ducati Corse, Paolo Ciabatti, fait partie de ceux qui devront trancher la question. Et a répondu à Jorge Lorenzo que « si tu regardes les points qui restent à prendre, Bastianini peut aussi être champion ». Possible, mais toutefois peu probable. Deuxième à Misano, le pilote Gresini a encore 73 points de retard sur Fabio Quartararo, et 43 sur Francesco Bagnaia.
Des discussions sur le sujet devraient cependant avoir lieu à Borgo Panigale. « Ce n’est pas facile. C’est toujours très difficile, mais c’est clair que nous allons essayer de clarifier qu’il est important pour Ducati de remporter le championnat des pilotes, gagné une fois en 2007 avec Casey. Donc nous ne voulons pas voir de folies, de risques qui ne soient pas nécessaires. »
« Dall’Igna nous a dit que si on peut gagner, qu’on ne s’en prive pas, mais qu’il faut être intelligent, disait Johann Zarco avant le Grand Prix de Saint-Marin. Dans le cas où on se battrait avec Pecco pour finir cinquième ou sixième, hors du podium, il faut être intelligent et lui laisser l’opportunité de marquer plus de points. Si on est en position de gagner on peut, car il sait à quel point c’est important et ne veut pas nous priver de cette sensation. »
Enea Bastianini affirme lui n’avoir « absolument pas » agi en pensant équipe à Misano. S’il avait pu l’emporter, le pilote Gresini l’aurait fait. Mais à l’entrée dans la dernière ligne droite du championnat, Ducati semble désormais vouloir éviter un scénario semblable à celui d’Estoril 2006, quand Dani Pedrosa avait chuté et emporté avec lui son coéquipier chez Honda, Nicky Hayden, qui jouait alors le titre. Par chance pour l’Américain, Valentino Rossi était tombé à Valence au Grand Prix suivant, lui cédant par la même occasion le trône du MotoGP.