« Nous devions agir et l'avons fait » : introduction du capteur de pression unifié (1/2)
L’ensemble des acteurs du MotoGP prépare l’arrivée du capteur de pression unifié. Pas de sanctions au programme sur les trois premiers Grands Prix pour le moment. GP-Inside a mené l’enquête dans le paddock, notamment chez Michelin et auprès du directeur de la technologie du MotoGP. À découvrir en deux parties, avec la première ci-dessous. ☆ Contenu Premium : soutenez-nous, abonnez-vous et découvrez la nouvelle version de GP-Inside pour vivre la saison 2023 comme jamais auparavant !
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Depuis son retour en MotoGP en 2016, Michelin est le manufacturier pneumatique exclusif de la catégorie. La firme de Clermont-Ferrand n’a de cesse de proposer de nouvelles solutions dans le but de convenir à chacun des constructeurs. Les pneus font partie de ces consommables qui peuvent changer drastiquement le comportement d’une MotoGP. Même réglée à la perfection, une MotoGP peut devenir impossoble à piloter si les pneus ne fonctionnent pas correctement.
Des pneus sous pression…
Parmi les facteurs qui affectent les gommes figure la température. En augmentant, celle-ci fait croître la pression et il devient alors délicat pour un pilote de rouler vite voire d’éviter la chute. L’aérodynamique, domaine dans lequel les constructeurs consacrent une bonne partie de leur budget, joue beaucoup sur la température et donc la pression. De même, les MotoGP vont de plus en plus vite et donc les freins sont de plus en plus sollicités.
Les disques et les étriers contribuent eux aussi à faire monter la température de la jante et donc du pneu C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on voit apparaître des jantes dotées d’un revêtement spécifique pour réfléchir la chaleur du système de freinage. Il y a également le fait de rouler en groupe et à l’aspiration. Il est possible de maintenir une pression en adaptant son pilotage, mais il est difficile, voire impossible, de la faire diminuer. Les pilotes peuvent emprunter des trajectoires différentes, se montrer plus souples ou encore éviter l’aspiration, mais, au bout du compte, ça leur fait perdre du temps.
L’an dernier, la pression des pneus a fait couler beaucoup d’encre ; certains pilotes ayant choisi de prendre le départ avec une pression inférieure à la limite autorisée. Francesco Bagnaia a d’ailleurs été pointé du doigt après sa victoire à Jerez. « On choisit une pression en pensant que si on part devant, elle n’augmentera pas, a alors déclaré le champion du monde lors du rendez-vous suivant en France. Si on est derrière, on est sûr que cette pression va augmenter, donc c’est difficile de prédire. Sur un circuit comme Jerez où il fait chaud, c’est un travail délicat pour le chef mécanicien. »
« Le firmware est scellé et les informations sont chiffrées »
Jusqu’ici chaque constructeur utilisait son propre capteur de pression de marques ou modèles différents. Il était impossible de contrôler la pression de chaque pilote. Il existait donc un gentleman agreement entre Michelin, la FIM, l’IRTA (l’association des teams), la MSMA (l’association des constructeurs) et Dorna Sports (promoteur du MotoGP). Pour éviter les abus et mettre fin aux rumeurs, il a été décidé d’introduire un système unifié de contrôle des pressions cette année.
« Le système est composé d’un capteur par jante et d’un récepteur, précise Corrado Cecchinelli, directeur de la technologie du MotoGP. Bien entendu, les données doivent être transmises sans fil de la roue à la moto, ce qui fait qu’il y a un récepteur qui envoie les données à qui de droit. Le système est unifié, le matériel doit être en place, le firmware est scellé et les informations sont chiffrées. » Les informations, i.e. la pression des pneus, seront transmises en temps réel et en continu à la cellule de chronométrage (timekeeping) et à la direction de course.
Ce système a été testé pour la première fois à l’occasion des trois journées d’essais en Malaisie. « Les deux premiers jours, ça n’a pas été facile à mettre en place, car c’est un matériel très sophistiqué, confie Piero Taramasso, manager deux-roues chez Michelin Motorsport. Il y a eu beaucoup de travail avec les équipes, la Dorna pour recevoir le bon signal, mettre en place les canaux. Le troisième jour, ça fonctionnait plutôt bien. Nous poursuivrons à Portimao pour être opérationnels avant la première épreuve. »
Et d’ajouter au sujet des éventuelles sanctions : « Les équipes et les pilotes sont un peu remontés, car ils pensent aux sanctions… mais c’est en fait la même procédure qu’auparavant. Il n’y a rien de nouveau. On leur demande de travailler avec la bonne pression, en sachant qu’ils auront une fourchette assez large, entre 1,85 bar et 2,2 bars. Je ne vois pas de problèmes majeurs. Il faut commencer à l’utiliser et voir ce que ça donne. On pourra ensuite discuter sur les ajustements à apporter. »
Le système sera à l’essai sur les trois premiers rendez-vous du calendrier au Portugal, en Argentine puis aux États-Unis. Après quoi une réunion avec les constructeurs aura lieu pour déterminer si celui-ci nécessite des ajustements. « Tout d’abord, nous avons besoin de quelque chose si ce quelque chose est mieux que rien, confie Corrado Cecchinelli. Notre position est basée sur des rumeurs. Nous ne pouvons pas nous permettre ces rumeurs. Nous devions donc faire quelque chose et nous l’avons fait avec la volonté de faire quelque chose de solide, de fiable et d’équitable (…). Nous ne faisons pas pression de toute façon et nous n’avons pas l’intention de changer l’avis des constructeurs après trois courses. »
La suite à suivre ce vendredi 10 mars…
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