L’ouverture du championnat du monde d’endurance aura lieu les 16 et 17 avril aux 24h du Mans. À moins de deux mois de cette échéance, GP-Inside a fait le point avec Damien Saulnier, team-manager du SERT (Suzuki Endurance Racing Team), champion du monde l’an passé avec Sylvain Guintoli, Xavier Simeon et Gregg Black. Des hommes bien décidés à conserver leur titre en 2022.
GP-Inside : Avec le recul, quels souvenirs conserves-tu du titre de champion du monde d’endurance 2021 ?
Damien Saulnier : « C’est évidemment une formidable consécration pour la première année de notre partenariat officiel avec Yoshimura, même si nous travaillions depuis longtemps avec cette entreprise japonaise qui a toujours contribué à améliorer notre Suzuki avec de nombreuses pièces racing, à la manière d’AMG avec Mercedes. Mais Yoshimura souhaitait s’engager officiellement à nos côtés en 2021, pour la première fois de leur histoire, donc ce titre confirme qu’ils ont eu raison ! Cette association de compétences a formidablement bien commencé puisqu’on a gagné les 24h du Mans, et je n’oublierai jamais notre émotion commune sur la plus haute marche du podium.C’était magique ! »
Qu’apporte concrètement Yoshimura ?
D.S : « Ils font vraiment un développement spécifique pour cette moto, qui est très performante à la base, mais qui est améliorée par tout un tas de petites évolutions qui ont été testées et validées au Japon. Ce sont des détails qui s’avèrent finalement importants, comme des passages de faisceaux électriques différents, des éléments déplacés comme la batterie, des évolutions de suspensions… Plein de petites choses utiles dans une compétition d’endurance. L’arrivée des pneumatiques Bridgestone avec Yoshimura nous a également fait beaucoup progresser, et on dispose désormais d’un package extrêmement compétitif. »
« Il y a beaucoup d’évolutions techniques, et ils nous apportent aussi des améliorations d’organisation qui optimisent notre efficacité. C’est une culture différente de la nôtre, avec une grande expérience de la compétition puisqu’ils ont gagné plusieurs fois les 8h de Suzuka, et dont on s’inspire pour gagner encore un peu en rigueur de fonctionnement, même si mon prédécesseur, Dominique Méliand, était déjà très rigoureux. Avant, c’était carré et ça fonctionnait très bien et maintenant, c’est ultra-carré et ça fonctionne encore mieux ! »
Quelles sont les nouveautés pour 2022 ?
D.S : « La principale évolution concerne les suspensions, qui améliorent le comportement de la moto ainsi que les nouveaux pneus. Mais sinon, il n’y a pas de gros changements. Tu connais le dicton : on ne change pas une équipe qui gagne et qui, j’espère, continuera à gagner ! On essaie surtout d’améliorer des détails. Par exemple, on essaie le frein arrière au pouce gauche, comme nous l’a demandé Sylvain Guintoli qui a l’habitude de l’utiliser. On l’a essayé récemment à Almeria, Xavier Simeon s’en servait déjà en Moto2 et Gregg Black s’y habitue progressivement. Ce n’est pas très intuitif de freiner avec le pouce gauche quand tu as toujours freiné avec le pied droit ! »
Sens-tu un regain d’intérêt pour l’endurance depuis qu’Eurosport en a repris la promotion ?
D.S : « Oui, c’est très net. On a sensiblement gagné en notoriété, le championnat s’est internationalisé et a franchement changé d’envergure. Bien sûr, on n’est pas au même niveau que le Moto GP ou la F1, mais tout le travail fourni va dans le bon sens. Regarde cette année, on retourne à Spa pour une nouvelle épreuve de 24h, c’est génial ! Évidemment, les détracteurs disent qu’on a seulement cinq épreuves dans notre championnat, mais si tu fais le compte, en nombre de kilomètres parcourus en course, on en fait deux fois plus que les 21 épreuves du Moto GP ! D’autant que si on ajoute d’autres courses, les équipes privées n’auraient pas les moyens humains et financiers d’y participer, ce qui n’est pas la philosophie de l’endurance. Aujourd’hui on est à un équilibre qui fonctionne très bien. »
Crédit photos : A.Despelcahin-David Reygondeau-Goodshoot